Les grands constructeurs automobiles se rebiffent. L’émergence de solutions embarquées de type Carplay ou Google Auto a fait basculer le « business » lié aux datas du conducteur (ou des passagers du véhicule) vers les sociétés informatiques, celles-ci ayant pu proposer des solutions qui se sont avérées rapidement mieux finies et plus fiables que celles des équipementiers auto. Problème, ce nouveau business de l’informatique embarquée dans les véhicules fait perdre de précieuses données aux fabricants autos, qui voudraient bien avoir droit au chapitre dans un secteur en pleine croissance et qui sera sans doute bientôt vecteur de nouveaux relais de croissance et de monétisation.

CarPlay Pioneer

Martin Winterkorn, CEO de Volkswagen, met les pieds dans le plat, signifiant que l’idylle entre les grandes marques auto et les gros du secteur informatique était bel et bien révolue : « Nous cherchons des connexions aux données de Google mais nous voulons toujours être maitres de nos propres voitures » affirme ainsi le Pdg. La détermination est identique chez Mercedes, où là encore, la perspective de voir des données exploitables à des fins commerciales s’échapper vers les serveurs d’Apple ou de Google ne réjouit pas vraiment le staff dirigeant de la célèbre marque allemande.

L’objectif affiché par les deux fabricants auto est de mettre en place des systèmes concurrents à ceux de Carplay ou d’Android Auto, pas forcément d’ailleurs pour les évincer mais bien plutôt pour avoir une monnaie d’échange dans de futures négociations, ceci afin de récupérer une part de ses fameuses données utilisateur. Car le nerf de la guerre est bien devenu les datas, les données d’usage, qui ouvrent de grandes perspectives quant aux services qu’il faudra développer à l’avenir, avec moins de risque de se tromper de cible. Reprendre la main sur les services embarqués, c’est aussi se donner la possibilité de facturer à nouveau au prix fort des options comme le GPS ou l’assistance vocale, des options qui ne coûtent presque plus rien dès lors que l’on passe par des fonctions déportées du smartphone.

Si la stratégie est claire et légitime, il n’en reste pas moins que le développement d’OS embarqués n’est pas le coeur de métier de ces constructeurs. Avant de pouvoir brandir devant Apple ou Google la menace d’un « ban » de leurs plus belles berlines, encore faudra t-il que des solutions alternatives (et de qualité) soient disponibles; on en est pour l’instant encore loin.