Le président des Etats-Unis vient d’annoncer son budget 2015-2016, et à tout le moins, si le plan de mesures fiscales qu’il contient est appliqué (un plan de nature profondément keynésien par ailleurs, et qui a surpris bon nombre d’observateurs), il s’agirait d’un sacré coup de poing sur la table et d’une très mauvaise nouvelle pour les finances d‘Apple. Car Barak Obama et son équipe à la Maison blanche ont mis au point un budget qui exige plus qu’il ne demande la participation des grosses sociétés américaines dont le cash est placé hors des frontières du pays. Apple et son immense fortune de 180 milliards de dollars est bien sûr visé par le train de mesures annoncé, qui prévoit le versement, en « one shot » de 14% des fonds placés à l’étranger, ainsi qu’une taxe de 19% sur l’ensemble des bénéfices réalisés à l’étranger, que ceux-ci aient été rapatriés ou non. Cette taxe venant s’ajouter à celle des pays où ces bénéfices sont réalisés (souvent à des taux très bas et proche de l’évasion fiscale légalisée), la mesure serait fortement incitative pour pousser les grosses sociétés à rapatrier leur cash.

President Obama

En contrepartie, la taxe sur les bénéfices réalisés sur le sol américain passerait de 35 à 28%, un « bonus » qui s’accompagnerait d’une « remise » supplémentaire à 25% de taxation pour les entreprises qui choisiraient de faire fabriquer leurs produits sur le sol américain (au lieu de choisir la Chine ou l’Inde, comme c’est souvent le cas aujourd’hui). Ce grand plan de récupération des bénéfices « étrangers » servirait à financer un énorme projet d’emploi public de 478 milliards de dollars, ce qui n’est sans doute pas du luxe dans un pays où les infrastructures et les administrations publiques sont souvent laissées dans un état à peine proche de la ligne de flottaison, une situation rendue encore plus intenable par la grande crise de 2008.

Pour Apple, l’implication de ces nouvelles taxes serait profond : sur les 75 milliards de revenus générés lors du Q4 2014, 44 milliards l’ont été en dehors des Etats Unis (et donc les bénéfices qui vont avec). La seule application de la règle des 14% de ponction  (en une fois) pourrait délester Apple de 20 milliards de dollars. Mais à ce niveau de (colossale) accumulation de capital, est-ce vraiment un problème ?