Alors, Samsung ou TSMC, gauche ou droite, noir ou blanc, café ou chocolat crème ? Le Chipgate est donc lancé et l’on sent bien que malgré les explications pourtant plutôt claires d’Apple, cela ne pourra jamais suffire. Il en va en fait de la façon même dont Apple pense et conçoit ses produits. Il y a ainsi de fortes chances que les tests d’autonomie d’iPhone 6s chez Apple se soient en grande partie basés sur l’utilisation quotidienne des premiers salariés testeurs de Cupertino, dans le cadre strict des optimisations « à la volée » permises par iOS 9.

user experience

De l’art de la variation…dans les composants

Apple était sans doute au courant que les stress-tests ou les benchs étaient en faveur de la puce TSMC (des tests qu’Apple a dû aussi réaliser), mais ce qui compte avant tout étant l‘expérience utilisateur, la consommation réelle en usage « normal », il devait sembler évident à Apple qu’on ne lui ferait pas griefs de différences calculées selon des procédés qui n’auraient aucun impact (ou presque) pour la quasi-totalité des utilisateurs d’iPhone. Du reste, même des processeurs identiques (et gravés à la même finesse) ne fourniront pas exactement les mêmes performances; tout comme pour les voitures, les vidéo-projecteurs et bien d’autres appareils qui fonctionnent sur les interactions complexes entre des centaines voire des milliers de composants, il existe toujours une variation de performances brutes entre deux produits électroniques blindés de puces et de chipsets qui sur le papier sont pourtant – à priori – identiques (depuis quelques jours certains semblent d’ailleurs découvrir la lune à ce sujet).

Benchmark vs Vie quotidienne : le grand duel

Une nouvelle fois donc, Apple a été d’une naïveté confondante en imaginant que l’utilisateur allait en rester à une prise en compte du seul usage quotidien de son mobile. Même si les retours des données de diagnostic des iPhone 6s doivent apporter assez de preuves à Apple pour qu’il avance le chiffre de 2 à 3 % de variations en usage quotidien, le simple fait de pouvoir constater sur une vidéo Youtube que deux iPhone 6s filmant en 4K jusqu’à épuisement de la batterie donnent une différence finale de 50 minutes ou que tel benchmark découplé de toute optimisation d’iOS aboutit à un écart d’autonomie conséquent, aura suffit pour beaucoup à donner l’impression qu’une fois de plus, Apple se sera moqué du monde en « cachant » un grave dysfonctionnement de son appareil; quitte à oublier que ce que l’on perd d’un côté en stress-test ou benchmark (et donc qu’on ne perd pas vraiment dans la « vraie » vie) on le gagne en performances brutes puisque d’autres vidéos semblent indiquer que les iPhone 6s avec des puces Samsung sont un peu plus réactifs que ceux avec un A9 TSMC. Bref.

Mais si l’on décide finalement de suivre la logique d’Apple, centrée avant tout sur l’expérience utilisateur et ce fameux usage « normal », est-ce qu’au moins les tests empiriques adoubent l’explication du californien ? La réponse est, largement…OUI. Les premières vidéos de tests d’ « usage » commencent elles aussi à se diffuser, et elles montrent assez clairement que lorsqu’on utilise son iPhone comme une véritable appareil multi-fonctions (un peu de jeux, du surf, de la vidéo, etc…), au final, le pourcentage d’autonomie qui restera à un utilisateur d’iPhone 6s « Samsung » sera quasi le même que celui d’un utilisateur d’iPhone 6s TSMC. Ainsi, Austin Evans, l’un des youtubers qui avait été parmi les premiers à dévoiler les différences importantes d »autonomie au test de batterie GeekBench 3, a t-il lui même reconnu que son propre test en usage réel n’avait abouti qu’à une différence d’autonomie de … 1% entre les deux iPhone 6s.

C’est l’histoire d’un iPhone 6s « normal »…

Il est vrai qu’on pourrait disserter longuement sur ce qu’est l’usage « normal » d’un smartphone, et il est vrai aussi que depuis hier on a vu soudain fleurir des théories qui rangent dans l’usage « normal » d’un mobile le fait de filmer en 4K jusqu’à remplir tout l’espace de stockage ou de jouer à Infinity Blade III jusqu’à l’extinction de la batterie. Mais un smartphone étant par essence un appareil multi-fonctions, un stress-test mono-tâche ne peut pas sérieusement être pris comme un bon indicateur de l’usage réel de l’immense majorité des utilisateurs du dernier iPhone (d’autant plus que l’optimisation d’iOS 9 concernant l’autonomie doit sans doute prendre en compte un type d’usage parcellaire, la libération rapide de la mémoire, l’allocation des ressources-processeur en fonction de telle ou telle utilisation, etc…). Le benchmark vs l’usage réel, la fiche technique vs l’optimisation du couple hardware/software: l’affaire du chipgate ne fait finalement que recycler sans fin des débats qui reviennent souvent sur la table lorsqu’il s’agit d’Apple…De là à en faire un énième scandale…