C’est entendu, Apple vient d’annoncer – une première depuis 2003 – une baisse de ses résultats à venir par rapport à la même période de 2015. Ralentissement des ventes, conjoncture économique difficile, sans doute quelques choix stratégiques qui ont pesé lourd (comme les 16 GB en entrée de gamme iOS !) auront fini par réellement impacter la forme jusqu’ici insolente d’Apple, qui parvenait à se tirer de tous les mauvais pas, y compris la grande crise financière de 2007. Et pourtant, si l’on veut bien regarder les grands chiffres clefs qui caractérisent l’Apple de 2016, on ne peut que se rendre à l’évidence : le californien n’a jamais été aussi fort, sa base installée aussi impressionnante, et ses capacités financières absolument hors-normes; qu’on en juge :

  • Apple peut désormais compter sur une base installée d’un milliard d’appareils actifs (sous OS X et iOS); si l’on retire les 100 millions d’utilisateurs Mac dans le monde, cela fait donc 900 million d’appareils actifs sous iOS. Apple n’a pas encore une base installée d’un milliard d’utilisateurs, mais ne doit plus en être très loin, ainsi que l’avait pronostiqué il y a quelques années le grand analyste Horace Dediu. Franchir la barre du milliard n’est pas seulement symbolique; c’est aujourd’hui à ces hauteurs que les analystes financiers considèrent qu’une société est « too big to fail » (Trad : « trop grosse pour chuter »). Apple est bien un géant, qui va souffrir en 2016, mais un géant quand même…
  • Apple a réalisé un chiffre d’affaires de 235 milliards de dollars en 2015 (et…235 millions d’iPhone écoulés), un score qui place la société à la neuvième place des entreprises les plus puissantes dans le monde, tous secteurs confondus. Dès lors que l’on parle de bénéfices, Apple est seul au monde, bien assis sur un Everest de plus de 50 milliards de dollars. Ces chiffres vont baisser en 2016, mais sans doute pas dans des proportions suffisantes pour éjecter Apple de ce top 10.
  • 60% des utilisateurs actuels d’iPhone ne sont pas pas passés à l’iPhone 6/6s si l’on en croit Tim Cook, ce qui est une information qui a de quoi rendre optimiste…et soucieux; « optimiste », car cela signifie qu’il y a encore de la marge pour grapiller des ventes grâce au renouvellement des iPhone (et donc retrouver le chemin de la croissance des ventes); « soucieux » car cela veut dire aussi que les utilisateurs d’iPhone ne sont pas des consommateurs aveugles : il leur faut de vraies raisons pour s’équiper en nouveautés, même lorsque celles-ci sont marquées d’une pomme. Apple va donc devoir faire fort avec l’iPhone 7.

Apple Logo Dollar

  • Apple dispose de 216 milliards de dollars dans ses caisses, un trésor de guerre monumental (aucune autre entreprise dans le monde ne possède autant d’argent), mais un trésor bien caché à l’étranger, hors du système fiscal américain, ce qui obligera Apple à s’endetter si elle veut miser sur de gros projets ou faire des acquisitions massives. Qu’on se rassure néanmoins, avec 216 milliards en « cash », il ne se trouvera pas une seule banque d’affaire pour oser refuser une ligne de crédit à Apple, même si celle-ci se situe à des niveaux pharaoniques.
  • Apple a reversé 9 milliards de dollars à ses actionnaires lors du dernier trimestre 2015. Steve Jobs détestait les boursicoteurs et autres investisseurs/spéculateurs financiers; Tim Cook les adore, tout comme Luca Maestri, le jeune et brillant Directeur financier de la pomme.  En tout et pour tout, sur le programme de 200 milliards à reverser aux actionnaires AAPL, 153 milliards ont déjà été livrés (en partie sous forme de dividendes). Pour autant le retour d’ascenseur se fait attendre, et le cours de l’action AAPL chute depuis près d’un an, repassant même en dessous des 100 dollars. Malgré tout, et à moins d’un énorme choc (comme une énorme chute des ventes d’iPhone par exemple), Apple devrait rester la première capitalisation au monde en 2016