Donald Trump, désormais 45ème président des Etats-Unis (ou presque, son intronisation aura lieu en janvier 2017), n’a pas été franchement tendre vis à vis d’Apple et de certains de ses produits, menaçant même la firme de boycott lors du bras de fer qu’elle avait engagé avec le FBI. Au delà des rodomontades et autres mouvements de menton du magnat de l’immobilier, les faits restent têtus et nombre des déclarations de Trump visant directement Apple risquent fort de passer à la trappe, simplement par effet de »retour du réel ».

Donald Trump

Petit tour du programme :

Concernant la ré-industrialisation d’une partie de la production « chinoise » sur le sol américain, tout n’est pas si simple. Apple a bien lancé des sondes pour savoir ce que ses fournisseurs pensaient d’une re-localisation de la production d’iPhone aux Etats-Unis Foxconn en tête), et les réactions seraient pour le moins… dubitatives, même si les coûts de production n’augmenteraient mécaniquement que de 14% environ. L’autre gros soucis, c’est que Foxconn a robotisé une grosse partie de sa ligne de production d’iPhone et que les assemblages sont désormais trop pointus pour pouvoir être confiés à nouveau à des hommes. L’ultra-miniaturisation est à ce prix. En d’autres termes, si Trump pense que la ré-industrialisation américaine de la high tech peut créer des emplois en nombre suffisants pour les déclassés de la Rust Belt, c’est raté. Et il y a de fortes chances que Donald Trump soit parfaitement au courant de ce paramètre.

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Les robots se multiplient à Foxconn au fur et à mesure de l’avancée de la miniaturisation électronique 

Trump désire aussi taxer fortement les produits (de sociétés américaines) fabriqués en Chine lors de leur arrivée sur le sol US (35% de taxe sur le prix du produit); mais là encore, c’est sans doute une grosse désillusion qui attend le nouveau président américain. La Chine dispose en effet d’une force de frappe économique qui ne permet pas (ou plus) ce type de bras de fer; non seulement l’empire du milieu est le premier créancier au monde (et le premier en dollars, tandis que les Etats-Unis sont le premier débiteur) mais la moindre mesure de rétorsion économique de la Chine aurait des effets dévastateurs pour nombre d’entreprise américaines dont le principal marché « en croissance » se situe désormais … en Chine (et Apple est bien placé pour le savoir…).

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La Chine et les USA sont contraints d’être de vrais partenaires commerciaux. 

L’impact de la présidence de Trump pourrait plutôt se faire sentir au niveau de la politique d’embauche des sociétés de la Silicon Valley. Le nouveau président américain ne souhaite plus que les Etats-Unis délivrent des visas de travail pour les grosses pointures étrangères de la high-Tech, et considère qu’il faut laisser ces emplois qualifiés aux américains. Là encore, et malgré le taux assez élevé de diplômés (60% d’une même classe d’âge, contrairement aux poncifs que l’on peut entendre sur le sujet), il y a de très fortes chances que les qualifications requises sur certains postes très qualifiés ne soient pas toutes pourvues au plan national. Apple ou Google n’embauchent pas des travailleurs étrangers détachés parce qu’ils sont étrangers bien sûr, ni même pour les « exploiter » (à ce niveau de compétences, tout le monde à le même salaire), mais bien parce qu’ils sont les meilleurs aux postes proposés.

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Enfin, la sécurité de l’iPhone a été à un moment le point chaud de la campagne de Trump, et sur ce point précis, l’avantage devrait basculer au président nouvellement élu; car sur la question de « la fin du chiffrement total », Donald Trump bénéficie cette fois du soutien d’un Congrès majoritairement républicain, et dont nombre de membres se sont prononcés contre la position d’Apple lors de sa joute avec le FBI. Apple pourrait être tenté d’en appeler à la Cour Suprême en cas de Patriot Act II particulièrement défavorable, mais là aussi, l’avantage reste à Trump : ce dernier va pouvoir nommer un nouveau juge de cette haute-cour, et ce n’est sans doute qu’un début puisque deux autres juges seront peut-être bientôt en partance (à cause de leur âge très avancé) et pourraient donc eux aussi aussi être remplacés par des personnes acquises aux thèses ultra-sécuritaires de Trump.

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La Cour Suprême américaine bientôt « aux mains » de Trump ? 

Seul point directement positif pour Apple, Trump a répété plusieurs fois qu’il abaisserait sensiblement le taux d’imposition pour toutes les entreprises américaines qui rapatrieraient leur magot sur le sol US. Avec un taux très incitatif compris entre 10 à 15%, il n’est pas sûr qu’Apple fasse la fine bouche, et ce même s’il existe un véritable gouffre entre les opinions de Tim Cook et celles du nouvel homme fort de la première économie du monde.