Si vous utilisez régulièrement Apple Music, vous avez du remarquer que certaines stars françaises de Rap ou Hip-Hop (Jul, Kaaris) sont en tête gondole des artistes français les plus écoutés; ce ne serait pas gênant ou troublant en soi si ces artistes bénéficiaient d’une cote record auprès des jeunes; mais même chez ces derniers il semble y avoir autant de « pour » que de « contre » (et les « contre » sont vraiment très « contre »). Comment se fait-il alors que ces artistes se retrouvent à de si hauts niveaux de streaming ?

La SNEP (Syndicat national de l’édition phonographique) s’est penchée sur la question, et après enquête en a conclu que « certains artistes de Rap Hip Hop cumulent des scores d’écoutes démesurés sur les plates-formes de streaming audio« . Ce qui trouble particulièrement la SNEP est le haut volume de streaming inchangé même des mois après la sortie d’un nouvel album ou d’un morceau; la SNEP constate que « les performances de ces artistes sur les plates-formes de streaming audio sont loin d’être atteintes sur les autres canaux de distribution ou de diffusion de musique digitale« . En d’autres termes, les niveaux d’écoute de ses artistes sur Youtube, Dailymotion et consorts seraient à des encablures de ceux des plateformes de streaming musical, ce qui est d’autant plus troublant que certains plateformes de streaming sont payantes (comme Apple Music) alors que Youtube est à accès gratuit par exemple.

La SNEP soupçonne donc que ces résultats de streaming sont obtenus via des flottes d’ordinateurs armés de robots-logiciels qui n’auraient d’autres fonctions que d’écouter certains morceaux en boucle. Il suffit d’une écoute de 31 secondes pour que celle-ci soit prise en compte dans les calculs d’audience, soit une voilure de 20 000 écoutes par semaine pour un seul ordinateur-robot. Le SNEP continue ses calculs et aboutit à la conclusion que 70 ordinateurs sont nécessaires pour faire grimper un morceau ou un album dans le Top 10 des meilleures écoutes, donnant ainsi l’illusion presque parfaite d’un artiste beaucoup plus populaire qu’il ne l’est vraiment. Sans jamais nommer les coupables potentiels, c’est à dire logiquement les maisons de disque des artistes incriminés, le SNEP précise que la manœuvre est loin d’être hors de prix puisqu’il ne faut débourser que 1500 euros pour « obtenir » 500 000 écoutes auprès de sociétés de l’ombres fournissant ce genre de service. Pour 2 millions d’écoutes, soit l’assurance de faire parti du Top 10, une maison de disque n’aurait qu’à sortir 6000 euros de sa poche; une broutille pour des entreprises de cette taille.

Du côté des maisons de disque de ces artistes au sommet des charts, on se montre bien sûr très prudent; il y a en effet de quoi, car en cas de tricherie avérée, les fraudeurs pourraient avoir à rembourser le montant des sommes reversées aux ayants droits.