Apple a récemment annoncé le retrait des VPN sur l’App Store chinois. Le fabricant l’a fait non pas parce qu’il a eu envie, mais parce qu’il a décidé de respecter les lois chinoises. Le gouvernement local a décidé de limiter au maximum l’usage de VPN par les particuliers, d’où le retrait sur l’App Store.

Cette semaine, Reporters sans frontières a décidé de s’attaquer à Apple et a écrit une lettre à Isabel Ge Mahe, la nouvelle responsable d’Apple en Chine. L’ONG qui a pour objectif de défendre la liberté de la presse critique vivement le choix du fabricant d’iPhone, parlant d’« opportunisme économique » notamment. « Ces applications permettaient aux internautes, dont de nombreux journalistes et leurs sources, de se protéger de la surveillance et de se connecter à des sites interdits en Chine comme Facebook, Google ou Wikipedia » indique l’ONG. Elle ajoute qu’Apple préfère certainement se ranger du côté du gouvernement pour éventuellement obtenir des laissez-passer à l’avenir.

Toujours la lettre, l’ONG note que la surveillance de masse est importante en Chine et l’usage de VPN est important. Reporters sans frontières fait ensuite allusion à l’argent, « avec un revenu annuel mondial équivalent au PIB de la Finlande, de l’Irlande ou du Danemark, Apple pourrait se permettre plus de fermeté vis à vis du régime autoritaire chinois ».

Après plusieurs critiques, Reporters sans frontière propose cinq « conseils » comme elle l’indique :

  • Un fond d’écran à la gloire du nouveau “grand timonier.” A quelques semaines du 19e congrès du Parti communiste chinois, un fond d’écran à la gloire du président Xi Jinping serait un geste commercial apprécié. Vous éviterez bien sûr les images dans lesquelles le président ressemblerait de trop près à Winnie l’ourson, un personnage de Walt Disney utilisé par les internautes chinois pour le caricaturer.
  • Un clavier “avec des caractéristiques chinoises.” Le système d’exploitation iOS fonctionnerait tout aussi bien sans ces petits dessins qui permettent de contourner la censure: par exemple le cercueil ou les larmes, utilisés pour faire allusion à Liu Xiaobo, prix Nobel de la Paix mort en détention. Dans la même logique, les chiffres 4, 6, 8 et 9 du clavier, référence transparente à la répression de Tian’anmen (le 4 juin 1989), pourraient être rebaptisés 3+, 5+, 7+ et 8+, comme les iPhone.
  • Un App Store patriotique. Pourquoi ne pas réserver l’App Store chinois aux applications contrôlées par le pouvoir? Par exemple l’agence de presse Chine Nouvelle, le groupe d’audiovisuel public CCTV, le logiciel de discussion instantanée Wechat, le moteur de recherche Baidu. Le public chinois vous sera reconnaissant de l’avoir protégé de l’influence de la propagande des puissances occidentales.
  • Des fichiers partagés avec la grande famille du Parti. Les logiciels iTunes et Apple TV permettent de partager en famille ses fichiers de son et d’image. Apple peut s’offrir un coup de pub planétaire en élargissant le partage du contenu des iPhones à la grande famille que représente le Parti communiste chinois. Cela ferait taire les mauvaises langues qui, comme Edward Snowden, accusaient Apple de réserver cette faveur aux services de renseignements américains.
  • Une montre connectée pour chaque prisonnier d’opinion. En offrant une montre Apple à chaque militant, journaliste ou blogueur emprisonné, vous montrerez votre engagement humanitaire tout en permettant à la communauté internationale, grâce à l’application Health, de calculer la durée exacte de leur détention et de suivre en direct la dégradation de leur état de santé, comme la veuve de Liu Xiaobo, Liu Xia, ou le journaliste Huang Qi.