Les dirigeants de Qualcomm ont beau afficher un optimisme à toute épreuve, les nuages noirs s’amoncellent au dessus du fabricant des processeurs Snapdragon et de la majorité des puces réseaux du marché mobile. Qualcomm vient en effet de publier les résultats de son quatrième trimestre fiscal (le troisième calendaire), et c’est une véritable dégelée qui a été annoncée aux investisseurs et aux actionnaires, ces derniers commençant d’ailleurs à quitter le navire; rappelons que l’action Qualcomm a dévissé hier de 7% suite à la rumeur persistante qu’Apple choisirait des puces réseau Intel plutôt que Qualcomm pour l’ensemble de ses gammes de produits en 2018. Gageons que la publication des résultats ne va pas arranger le cours de l’action.

Ainsi donc, c’était l’heure des résultats pour Qualcomm : sur le trimestre écoulé (jusqu’à fin septembre donc), Qualcomm affiche un chiffre d’affaires de 5,96 milliards de dollars (en baisse de 4,5%), soit un peu mieux que ce qu’attendaient les analystes dans le contexte; en revanche, les bénéfices du groupe s’effondrent de 89,5% (!) et ne laissent plus à Qualcomm « que » 168 millions de dollars de « positif ».

Le fabricant de puces le reconnait : c’est avant tout sa guerre de tranchée juridique avec Apple qui est responsable de ce gadin monumental. Apple refuse en effet de payer les licences de brevets à Qualcomm pour ses puces réseaux, et pire encore, les fournisseurs d’Apple se sont mis à faire de même dans l’attente de la remise à plat par la justice de ces coûts de licence. Le manque à gagner s’inscrit directement dans la colonne « perte de bénéfices » pour Qualcomm dans la mesure où les brevets en question ne coûtent plus rien au fabricant une fois le brevet validé. Le paiement des licences de brevets atteint en effet généralement un taux de rentabilité excédant souvent les 90%…

Après de multiples décisions de justice pour abus de position dominante, après le bras de fer avec Apple, et suite aux velléités de Cupertino de se passer de ses services en 2018, Qualcomm ne semble plus être le fabricant invincible et intouchable que tous les analystes voyaient régner sur le secteur mobile à moyen terme. Et comme souvent ces 15 dernières années, cette fin d’hégémonie totale (Flash, Nokia, Sony) aura débuté par une décision d’Apple.