Le marché des processeurs mobiles est à un tournant de son histoire : le passage à la finesse de gravure 7nm coûterait excessivement cher, au point que nombre des poids lourds du secteur resteraient sur du 10 ou 12 nm une génération supplémentaire, voire abandonnerait carrément l’objectif des 7nm (et en deça… ). C’est ainsi le cas de Globalfoundries, le fabricant des puces d’AMD, qui a prévenu récemment qu’il en resterait aux finesses de gravure 12 et 14 nm faute de disposer des ressources financières nécessaires pour passer au 7 nm.

Même Qualcomm et Mediatek, pourtant des vétérans du secteur, renâclent à faire le grand saut et ont annoncé qu’ils développeraient prioritairement les unités de production en 12 et 14 nm; pour le 7nm, il faudra sans doute attendre 2019… au mieux. Samsung sait qu’il ne peut pas perdre trop de temps face au rythme effréné imposé par le duo Apple/TSMC, mais le numéro un mobile serait nettement en retard par rapport à son adversaire de toujours.

L’iPhone X dévoilé dans quelques jours devrait en effet disposer d’un processeur A12 Bionic gravé en 7nm, une première sur le secteur mobile. Signe d’une évolution des forces en présence, seul Huawei semble désormais en mesure de rivaliser avec Apple en terme de processeur; encore faudra t-il que le géant chinois fasse ses preuves dans l’architecture des puces: le Kirin 970 serait en effet « largué » par le Snapdragon 845, mais le Kirin 980, gravé en 7 nm, s’annonce beaucoup plus puissant. Huawei aussi sait choisir ses partenaires puisque le fabricant des puces Kirin n’est autre que… TSMC !

Poussé dans le dos par le carnet de commande des numéros deux et trois mobiles, TSMC est d’ailleurs en train de devenir un ogre que rien ne semble devoir arrêter, d’autant plus que le fondeur affiche des ambitions démesurées; ainsi, TSMC devrait démarrer les tests pour le 5nm dès 2019… de quoi écoeurer une concurrence déjà à la peine avec le 7nm ? Le talent « architectural » des ingénieurs d’Apple lié aux capacités de production de TSMC donnent à Apple une bonne marge de manœuvre sur le secteur des puces mobiles… à moins que Huawei ne sorte le grand jeu, une nouvelle fois.