Il y a 35 ans de cela, le 24 janvier 1984, un Steve Jobs endimanché et affublé d’un nœud papillon présentait sur la scène du Flint Center à Cupertino le tout premier Macintosh. Cet ordinateur tout en un et très compact aurait de quoi faire sourire aujourd’hui, et pourtant, en 1984, cette machine tenait vraiment de la révolution technologique. Pourtant, pris séparément, aucun des éléments qui composent le Macintosh n’était une réelle nouveauté lors de sa présentation; la souris existait depuis 1968 (un prototype de Douglas Engelbart) et l’interface graphique était largement inspirée des systèmes Star de chez Xerox. Mais voilà, aucun fabricant n’avait encore eu l’idée de réunir ensemble ces technologies (mis à part l’Alto de chez Xerox), et surtout de le faire d’une façon qui soit d’emblée aussi cohérente. Alors que chez Xerox l’interface graphique habillait une application dédiée, chez Apple c’est l’ensemble du système d’exploitation qui est converti dans une grammaire graphique à base d’icones, de menus et de sous-menus.

Plus généralement, on oublie surtout que le premier modèle d’ordinateur « interface graphique + souris » à avoir été commercialisé pour le grand public est le Lisa, une autre création d’Apple qui porte d’ailleurs le nom de la fille de Steve Jobs. La création du Mac, c’est aussi l’histoire d’une guerre des égos entre Steve Jobs, arrivé tardivement sur le projet, et Jeff Raskins, qui imaginait à l’origine une machine très différente, nettement moins puissante et conçue avant tout pour les geeks de l’époque. La vision de Jobs l’emportera et le charisme de ce dernier attirera très vite les pointures de l’époque, un groupe de développeurs et d’ingénieurs considérés aujourd’hui encore comme des légendes. Ce petit groupe de francs-tireurs (dont quelques femmes) occupera l’une des ailes du QG d’Apple, dressera un drapeau de pirate au dessus de la porte d’entrée, et parviendra à tenir les délais insensés de Steve, devenu pour l’occasion une sorte de Capitaine Crochet aussi respecté que redouté par les membres de l’équipe.

Malgré une campagne marketing monumentale (illustrée par le célèbre spot 1984 diffusé lors du Super-Bowl), les ventes du premier Macintosh n’ont pas vraiment décollé, sans doute à cause d’un prix de vente très important pour l’époque (2495 dollars, soit l’équivalent de 6000 dollars aujourd’hui). Cet échec signera le début de la fin pour Steve Jobs. Soutenu par le board, Le CEO d’Apple John Sculley poussera Steve Jobs vers la sortie dès 1985.