Au nom de la loi
Dans le clair-obscur des ruelles, les bastringues louches, les fumeries d'opium et les trains de nuit, Maurice Tourneur joue avec tout un folklore interlope. De Montmartre aux quais de la Joliette, cette pègre romanesque promène un spleen vénéneux, auquel s'ajoute désormais la patine du temps, fantôme luminescent des années 1930. Le film est un peu languissant, s'attardant comme par effraction sur une foule, un quai de gare, toute une nébuleuse d'atmosphères enfumées, mélancoliques. Ainsi, s'étire et se défait l'intrigue, le temps d'offrir à chacun sa scène de bravoure, superbement photographiée, ébène et perle plutôt que noir et blanc. Le comédien Gabriel Gabrio fait ainsi merveille en truand fruste et traqué, brute aux abois, lors d'une séquence d'interrogatoire serré. « Condé » obstiné et coriace, un jeune comédien nommé Charles Vanel impose déjà sa présence, dans un second rôle remarqué. Un beau polar d'époque.
En vedette Marcelle Chantal, Gabriel Gabrio, Régine Dancourt
Réalisation Maurice Tourneur