L’affaire des Panama Papers a relancé le débat autour des paradis fiscaux, un débat qui n’épargne ni les riches particuliers qui tentent d’éviter la douloureuse, ni les entreprises qui « optimisent » leur magot bien à l’abri de comptes offshore souvent peu recommandables. Apple n’est malheureusement pas en reste lorsqu’il s’agit d’éviter de payer sa part, la société préférant placer son argent à l’étranger plutôt que de payer les 35% d’impôts sur les bénéfices qui lui seraient forcément réclamés sur le sol américain. Le gouvernement US n’est pas le seul à se sentir floué, et l’Europe commence à taper des poings sur la table pour récupérer un peu plus que les misérables piécettes que finissent par lâcher ces grands groupes. Au moment où les politiques fiscales se durcissent considérablement pour les peuples (et surtout la classe moyenne) au nom de l’orthodoxie du « remboursement des crédits avant toute chose », ces écarts fiscaux vis à vis des plus riches posent un problème de logique élémentaire…et de moralité politique.

Steve Wozniak

Dans une interview accordée à la BBC, Steve Wozniak, co-fondateur d’Apple avec Steve Jobs, a tranché dans le vif en déclarant qu’il ne voyait pas pourquoi les entreprises comme Apple payaient en pourcentage beaucoup moins d’impôts que lui (35% pour l’impôt sur les bénéfices aux Etats-Unis, 50% pour les grandes fortunes comme Woz), sachant en plus que dans les faits, les très grosses sociétés comme Apple ne payent PAS ces 35% d’impôts sur les bénéfices : « J’ai beaucoup travaillé, j’ai beaucoup voyagé et je paye 50% de tout ce que je gagne, et je crois que c’est une nécessité de la vie et que vous devez le faire« . Wozniak explique alors à quel point Steve Jobs désirait vraiment faire de l’argent avec Apple, mais qu’il n’était alors venu à l’idée de personne de planquer ses sous au Bahamas ou ailleurs. Surtout, le Woz estime qu’il est « ennuyeux » qu’une entreprise comme Apple paye finalement en pourcentage beaucoup moins d’impôts qu’un particulier, alors même qu’elle est infiniment plus riche.

Apple Logo Dollar

Apple s’est toujours défendue d’être un « mauvais payeur d’impôts », et rappelle à qui veut l’entendre qu’elle a versé au fisc 13 milliards de dollars en 2015 soit l’équivalent de près de 35% de ses bénéfices de l’année précédente. Sauf que bien sûr, ce qu’Apple ne précise pas, c’est que s’il paye « autant » c’est tout simplement parce qu’il génère près de 50 milliards de bénéfices à l’année !

Pour rester dans l’analogie « Woznienne », il faut rappeler que les particuliers payent un impôt calculé sur les revenus, et que c’est sans compter bien sûr la somme importante de frais fixes (logement, nourriture, etc…) qu’il faudra ensuite déduire pour voir ce qu’il reste vraiment une fois « tout payé ». Pour nombre de particuliers aujourd’hui, ce qu’il reste après décompte de l’impôt et de ces frais fixes est souvent inférieur au montant de l’impôt lui même !!! C’est un peu comme si Apple avait réalisé un bénéfice net en 2015 (ce qu’il reste une fois « tout payé ») inférieur au montant de l’impôt versé, soit en deçà de 13 milliards de dollars. La réalité est tout autre…