Si les liens entre le privé et le public sont presque devenu banals aux Etats-Unis, ce mélange des genres est encore très mal vu en France où l’on souhaite garder l’hôpital et l’école à l’abri de l’influence des « marchands ». Dans ce contexte bien balisé, Apple fait comme s’il n’était pas au courant des cadres légaux qui prévalent dans l’hexagone. Ainsi, le fabricant propose dans ses Apple Store des sessions d’initiation à la programmation (sous Swift) destinées à des groupes d’élèves accompagnés d’un ou de plusieurs enseignants; ces sessions font intervenir des iPad ainsi que des robots Sphero, ces derniers étant bien sûr vendus dans la boutique.

Ces initiatives ont été particulièrement critiquées suite à la publication d’un reportage de France 2 (en caméra cachée). Le reportage nous montre une classe de CM2 effectuant une journée d’apprentissage en Apple Store , et comme l’on pouvait malheureusement s’y attendre, les vendeurs de l’Apple Store offrent d’emblée aux enfants des t-shirts ornés du logo Apple; les bambins sont ensuite aiguillés vers un atelier où bien sûr l’ensemble des apprentissages font intervenir du matériel Apple. Gênant.

De la volonté affichée de formation à la publicité voire au « formatage » vers les produits d’une marque, il n’y a qu’un pas… que la loi encadre déjà avec fermeté. Ainsi, pour Paul Devin, un inspecteur de l’éducation nationale interrogé en toute fin de reportage, ces sorties scolaires dans des sociétés privées ne devraient pas être autorisées par le Directeur de l’établissement, et pour une bonne raison : elles ne respectent pas le principe de neutralité qui prévaut dans l’école publique. Nul doute que cette « affaire » n’en restera pas là, malgré les dénégations d’Apple qui affirme privilégier avant tout la formation et non la publicité indirecte (on aurait envie de dire que les deux ne sont malheureusement pas incompatibles… ).