Cela aura pris du temps, beaucoup de temps avant que nombre d’analystes de Wall Street cessent enfin de ressasser leurs craintes recuites concernant un Apple structurellement fragile et aux pieds d’argile. Mais nous sommes en 2018, et cette année, Gene Munster en est convaincu, « Apple is Doomed » appartient vraiment au passé tandis que les investisseurs auraient opéré un véritable « changement de paradigme » concernant Apple.

L’explication de l’analyste de Loup Ventures se veut presque didactique : « Nous voyons Apple en tant que service, et cela ne reflète pas seulement leur division Services; c’est un concept dans lequel le matériel fonctionne comme un abonnement. » En d’autres termes, les analystes de Wall-Street considèrent désormais que chaque vente d’iPhone ou d’iPad renforce un large éco-système de services (App Store, iTunes, Apple Music, iBooks Store, Apple Care, Apple Pay, iCloud), un éco-système dont les performances financières sont en pleine explosion (+31% et 9 milliards de CA pour la catégorie services lors du Q3).

Tim Cook a fini par convaincre les investisseurs et analystes qu’Apple est une société « globale », qui réunit de façon structurelle le matériel à une offre importante de services 

Apple n’est plus seulement vu comme la société de l’iPhone (même si l’iPhone représente les 2/3 du chiffre d’affaires), mais comme une entreprise qui propose un éco-système global qui regroupe à la fois le matériel (l’iPhone donc) mais aussi les services attenants, le tout relié par des abonnements mensuels ou annuels (pour le stockage d’iCloud, l’accès à Apple Music, bientôt le service de SvoD, etc.). Cette vision globale et quasi systémique expliquerait la grande confiance des analystes après la publication des résultats du Q3 et incidemment le passage d’AAPL au delà de la barre des mille milliards de dollars de capitalisation.

Après des années passées à comparer les services de Google à ceux d’Apple (pour bien sûr conclure que ceux de Google sont infiniment supérieurs, ce qui n’est pas toujours le cas), les Wall-Street Boys se seraient donc recentrés sur la croissance de services Apple dont la rentabilité ne provient pas de la pub et de l’exploitation de données privées mais des utilisateurs eux-même. Il était temps.