Mario Kart Tour (Lien App Store – Gratuit – iPhone/iPad) vient donc de faire ses premiers tours de piste sur iOS, et c’est peu dire que le titre de Nintendo incarne jusqu’à la caricature le pire du jeu mobile, que l’on soit fan ou indifférent à la franchise Mario Kart : jouabilité ultra-simplifiée (au point qu’on a l’impression que Nintendo prend les joueurs mobiles pour des crétins), timers bloquants, lootboxes, achats in-apps qui peuvent atteindre plusieurs dizaines d’euros, compte Nintendo obligatoire, connexion obligatoire, pas de mode multi-joueur au lancement, et des bugs tellement nombreux que cela frise le manque de respect pour le consommateur final. Après les critiques assez rudes qui avaient suivi le lancement d’un Super Mario Run dépouillé de son gameplay légendaire au profit d’un runner sans âme, Nintendo joue donc au sourd et appuie même sur le champignon du freemium avec ce Mario Kart Tour qui est de (très) loin le plus mauvais opus de la franchise.

La sortie du jeu peut aussi être considérée comme l’un des pires timing de la petite histoire des jeux vidéo mobiles. Car non content de blinder son titre d’achats in-apps, Mario Kart propose une souscription mensuelle, le Gold Pass (ou Pass Or), qui pour 5,49 euros/mois donne droit à des cadeaux réguliers, des badges lors des challenges OR, et qui débloque aussi le mode 200cc (!); on croit rêver, ou plutôt cauchemarder. 5,49 euros, c’est plus que le prix de l’abonnement pour Apple Arcade (4,99 euros), un service qui propose 71 jeux sans in-apps débilitants; on pourrait aussi faire remarquer que  90% des jeux Apple Arcade proposent un game design et un gameplay nettement plus aboutis que ce Mario Kart jouable à une main (et sans doute au gros orteil avec un peu d’entrainement).

Dans le contexte du lancement d’Apple Arcade, Mario Kart Tour semble arriver trop tard, incarne trop tout ce que l’on aime pas dans le jeu mobile dès lors qu’on aime le jeu vidéo en général, comme un vieux sapé à la one-again qui s’inviterait à une fête de jeunes ultra-lookés. Et malheureusement, le vieux beau a encore du succès, comme le démontrent la trentaine de commentaires qui s’affichent sur l’article de mon confrère. Et de constater avec une certaine amertume que nombre de fans préfèrent rester déçus des choix de Nintendo et maugréer contre le jeu mobile en général plutôt que de faire l’effort de regarder si l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. Bonjour les amalgames. Mais après tout, les vieux beaux ont finalement le public qu’ils méritent…