Walt Mossberg est un grand fan de produits Apple, et c’est peu dire. Le journaliste féru de high-tech est aussi un fin analyste de l’histoire de Cupertino, une mine de connaissances sur Steve Jobs et les coulisses de la création des grands succès de la pomme. Mais depuis quelques années, la verve du spécialiste se fait beaucoup plus critique, voire acerbe. Dans un article en forme de bilan des 10 dernières années d’Apple, Mossberg taille en pièces la gestion d’Apple sous l’ère Tim Cook, non sans avoir rappelé en introduction les hauts faits d’arme de Jobs.

Walt Mossberg en grande discussion avec Steve Jobs

Le journaliste reproche principalement  à Cook de manquer de vision, au point qu’à peine nommé CEO, ce dernier s’est empressé de laisser les rennes de la conception hardware et software à Jonathan Ive (ce dernier a quitté Apple il y a quelques semaines à peine). Mossberg reconnait que les AirPods et l’Apple Watch ont fini par être de très gros succès, mais considère que ces produits « n’ont pas eu le même niveau d’impact que les plus grands hits de Jobs ». De fait, même au plan financier, l’iPhone et l’iPad dégagent toujours un chiffre d’affaires bien supérieur à celui des ventes cumulées de l’ensemble des « wearable » de la marque.

Tim Cook, ou l’approche strictement rationnelle et financière des intérêts bien compris d’Apple. Finis les « One More Thing »

Plus incisif encore, Walt Mossberg fait endosser à Tim Cook « la responsabilité de toute une série d’actions qui ont été préjudiciables au Macintosh pendant des années ». La quasi mise au placard du MacBook Air et du Mac pro (puis le retour du Mac Pro cette année à un tarif qui le coupe d’une grande partie des professionnels indépendants), l‘epic fail de l’affaire du clavier papillon, le culte de la finesse qui a abouti à des machines portables insuffisamment équipées de ports, la liste des récriminations donne vraiment le vertige.

Même l’iPhone « a commencé à décliner » se lamente Mossberg : les ventes sont en baisse, et les prix n’ont cessé d’augmenter jusqu’à l’iPhone 11 Pro. Apple ne parle plus que du chiffre d’affaires des ventes d’iPhone, alors que les chiffres de ventes étaient brandies comme un trophée lorsque l’iPhone emportait tout sur son passage. Au final, Cook est surtout accusé de consolider à tout prix l’écosystème (autour d’iOS principalement) plutôt que de sortir des produits qui comptent dans le paysage technologique mais surtout dans nos vies de tous les jours. C’est la fin de l’effet « WOW », et le début d’une rationalisation des produits et des services qui ravit surtout les actionnaires AAPL. Mais ce que ne dit pas Mossberg, c’est que cette transformation est sans doute le prix à payer pour qu’Apple devienne effectivement le nouveau Sony, ce qui était bel et bien le grand fantasme de… Steve Jobs.