Il fallait s’y attendre. En décidant d’arrêter la publication des chiffres de ventes de ses produits, Apple a laissé le champs libre aux analystes et prévisionnistes de tous poils; habituellement, ces derniers prévoyaient des mois à l’avance les chiffres de ventes des derniers iPhone, mais la publication officielle des résultats venait alors mettre un point final à ces supputations; ce n’était pas un luxe, car des supputations il y en avait, beaucoup, avec des écarts parfois totalement surréalistes; ainsi, tel institut ou cabinet annonçait 40 millions de ventes d’iPhone sur le trimestre tandis qu’un autre s’avançait sur un chiffre de 50 millions d’unités.

Suite à la dernière publication de résultats, on pouvait penser que malgré l’absence de données concernant les volume de ventes, les résultats en chiffre d’affaires permettraient tout de même aux têtes pensantes de Wall-Street de déduire correctement le nombre d’iPhone vendus. Peine perdue, et l’on assiste déjà à une valse d’estimations très éloignées les unes des autres. Ainsi, on est passé de 65 millions d’iPhone vendus lors du Q4 (Strategy Analytics) à 68,4 millions d’iPhone écoulés (IDC) puis tout récemment à 71,7 millions d’iPhone (Canalys). Et si l’on en croit UBS, Apple n’aurait pas réussi à vendre plus de 63 millions d’iPhone ! On a donc près de 9 millions de ventes de différence entre l’estimation la plus basse et la plus haute… des différences qui se retrouvent aussi dans les pourcentages de baisse des ventes (de -6% à -11,5%)  ou le classement des fabricants mobiles. Chez IDC, c’est en effet Samsung qui a le plus vendu de smartphones sur le Q4, mais si l’on en croit Canalys, Apple a bien été le roi de la période des fêtes.

Ces écarts significatifs, et qui ne peuvent plus être infirmés ou confirmés par Apple, sont souvent aussi l’enjeu d’analyses globales très différentes les unes des autres : UBS ne voit pas le bout du tunnel pour Apple et se raccroche donc à un chiffre de vente le plus bas possible; Canalys estime en général qu’Apple sait ce qu’il fait et que les services feront le job : son estimation est la plus haute. Dans les semaines et les mois qui viennent, on va donc de nouveau voir fleurir des analyses se basant sur des données non vérifiées et surtout très différentes les unes des autres; car Apple semble engendrer ici plus de passion que n’importe quel autre fabricant mobile. Après tout, Samsung aussi ne fournit pas ses chiffres de ventes de Galaxy, et pourtant Wall-Street n’a généralement aucun mal pour tomber sur des estimations moyennes qui conviennent finalement à tout le monde. Mais du côté d’Apple, les estimations de ventes sont autant de « munitions » dans une vraie guerre de tranchée entre analystes : Ming Chi Kuo, IDC, Gene Munster, Katy Huberty, Canalys, tous y vont de leur « arc narratif » pour expliquer comment Apple va rebondir… ou bien mourir à plus ou moins brève échéance.