The Guardian vient de jeter un gros pavé dans la mare en expliquant dans ces colonnes que les recruteurs ne pousseraient plus les jeunes talents à se faire employer par Apple. Les tous frais diplômés des grandes universités américaines préfèreraient donc aujourd’hui se rapprocher de Facebook, Google, Uber ou bien encore Airbnb, en grande partie parce que les conditions de travail y seraient plus douces. Apple aurait en effet la réputation de faire travailler ses ingénieurs pendant de longues heures (jusqu’à 80 heures par semaines) et le staff dirigeant ainsi que les chefs de projets n’hésiteraient pas à faire pression sur les employés pour faire avancer le développement de tel ou tel produit.

La politique du secret serait aussi considérée comme un obstacle majeur à un travail harmonieux et respectueux des individus, Apple empêchant jusqu’aux relations de « collègues » entre certains groupes de projet soumis au silence. Et pour parachever cette description apocalyptique du monde du travail chez Apple, les jeunes talents considèreraient qu’Apple n’a plus rien d’innovant (alors que Uber, Amazon et Airbnb innovent tous les jours, pensez-donc…).

Steve Jobs Celebration Cupertino

Si ces critiques ont sans doute un fond de vrai, le « timing » entre cette « analyse » au vitriol et l’annonce par Apple de sa première baisse de résultats (à venir) depuis 2003 laisse quand même la très nette impression qu’il s’agit ici de faire tourner le moulin du « bad Apple » à un moment où les discours récurrents de type « Apple c’est fini » risquent de revenir en force sur le devant des éditoriaux. Le billet de The Guardian, qui se base sur les avis de quelques développeurs d’apps (qui ne travaillent pas chez Apple et ne savent donc pas vraiment ce qui s’y passe) et sur l’analyse d’un chasseur de tête visiblement très remonté contre la pomme, se positionne en contradiction flagrante avec la croissance spectaculaire de la masse salariale chez Apple ces dernières années, l’entreprise dépassant à présent les 100 000 salariés à temps plein. Le haut niveau de « rétention » des employés des Apple Store ou bien encore l’arrivée chez Apple de grosses pointures  issues des secteurs de l’automobile, de la santé ou de la réalité virtuelle, composent le tableau d’une réalité qui n’est pas vraiment en phase avec l’analyse du journal.

Enfin, critiquer le peu d’innovation d’Apple et citer en exemples Amazon et Uber, qui sont eux très souvent cités en exemple quasi-parfaits du sous-emploi et des conditions de travail déplorables, ressemble tout de même à un exercice de très haute voltige. « Apple, c’est fini ! » on vous dit…