Apple est devenu en une quinzaine d’années une très grosse entreprise; et malgré le visage « propret » qu’elle se donne, l’absence de toute discrimination à l’embauche, les salaires égaux à poste égal ou bien encore le fait que son CEO ait fait son coming-out, cette culture d’entreprise plutôt « ouverte » ne reflète pas forcément celle de tous ses salariés. Des témoignages rapportés par les sites Mic et Gizmodo dévoilent des coulisses parfois moins reluisantes que les coques aluminium des iPhone (on y parle carrément d’environnement de travail toxique). Quelques blagues sexistes, un soupçon de copinage sur l’embauche d’un poste précis, et il n’en fallait pas plus pour relancer la mécanique du procès en harassment, une notion proche du harcèlement sexué (et non directement sexuel) qui aux Etats-Unis recouvre des cas bien plus élargis que dans le droit français, et ne vise généralement que des personnes issues des minorités. 

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Interviewée par Recode, Denise Young Smith rappelle les règles de bonne conduite chez Apple

Denise Young Smith, vice-présidente aux ressources humaines chez Apple, s’est chargée de faire baisser la pression dans une interview au site Recode, et indique qu’en interne ces cas de sexisme sont pris très au sérieux. La vice-présidente rappelle que l’effectif d’Apple est composé à 32% de femmes, ce qui dans l’absolu est plutôt un bon chiffre si on le reporte au ratio hommes/femmes ingénieurs aux Etats-Unis. « Nous devons être conscients que des personnes peuvent se sentir sans voix ou délaissées au sein de l’entreprise » explique encore Denise Young Smith, tout en se refusant à un exercice de contrition qui pourrait donner l’impression qu’Apple est une entreprise informatique de culture sexiste, ce qui effectivement serait d’une absurdité totale (mais réjouirait certainement les tenants d’une critique d’un patriarcat présent jusque dans le marc de café). Des mesures proportionnées seront prises à l’encontre des personnes responsables de propos ou attitudes déplacées.

Apple prépare un communiqué interne sur le sujet, qui rappellera aux salariés que les réflexions déplacées/sexistes sur le lieu de travail, même si elles ne visent pas directement un individu, n’ont pas vraiment leur place dans des équipes où les femmes tentent encore de gagner leur place avec difficulté. On notera tout de même ici la « maturité » d’Apple, qui dans ce dossier n’est pas rentré dans une logique « ultra » visant à confondre stricto sensu les dérapages décrits plus haut comme du harcèlement, une notion qui même dans le droit américain se caractérise par des attaques répétées et volontaires à l’encontre d’un individu précis, ce qui n’est pas le cas des exemples cités par Mic et Gizmodo; mais il est vrai que dans les faits, ces derniers années, la notion de harassment aux Etats-Unis a fini par recouvrir l’ensemble des faits sexistes ou discriminants, (une simple blague sexiste et pas fine autour de la machine à café devient de fait une attaque ciblée contre la collègue de travail qui trouve cela douteux), ce qui pose tout de même question dans un pays où par ailleurs on tolère beaucoup de chose au nom de la liberté d’expression.