Face ID : pas parfait, mais déjà très convaincant

Face ID est LA grande nouveauté fonctionnelle et technologique de l’iPhone X; sans capteur d’empreinte Touch ID, le système de reconnaissance faciale en 3D doit apporter la preuve que les choix radicaux d’Apple ont du sens. Verdict ? Disons le sans ambages : Face ID est très convaincant…mais pas parfait. Bon point, l’enregistrement de son visage, qui est encore plus simple que la même phase de paramétrage côté Touch ID. Moins bon : on ne peut enregistrer qu’un seul visage. Le taux de reconnaissance/erreur est extrêmement satisfaisant; certes, au réveil, lorsque vous levez péniblement un oeil tandis que l’autre dit encore bonjour à la nuit, Face ID peut ne pas vous reconnaître du premier coup et il faudra même parfois en passer par ce satané code à 6 chiffres.

Mais ces cas sont rares, et globalement j’ai plutôt été surpris par la capacité de Face ID à fonctionner sans aucun soucis dans les conditions les plus variées : la nuit, en plein jour, le visage fatigué du matin ou après un bon rasage, etc…Les contraintes d’utilisation sont réelles (il faut bien regarder l’écran) mais s’avèrent au final moins importantes que pour Touch ID, ce dernier ne fonctionnant plus dès lors que l’utilisateur a des gants ou les doigts humides par exemple. Face ID sert à déverrouiller l’iPhone X, mais aussi pour les paiements Apple Pay ou bien encore lors de l’enregistrement automatique à son compte FaceBook (la zone de mot de passe se remplit automatiquement lors de la reconnaissance faciale). Dommage tout de même que nombre d’applications n’en tiennent pas encore compte (comme PayPal…); Rome ne s’est pas faite en un jour…

Derrière Face ID, il y a d’abord et avant tout un nouveau « capteur » composé en fait plusieurs composants : Truedepth; un capteur logé dans la fameuse encoche, et dont le principal composant est un projecteur de points infra-rouge baptisé Roméo. C’est ce projecteur qui affiche sur le visage, en un éclair, une grille de 30 000 points qui va permettre de constituer un maillage 3D du visage extrêmement détaillé, plus détaillé encore que la « carte » d’empreinte du Touch ID. Ce maillage 3D est enregistré dans une enclave sécurisée et inaccessible, une technique de préservation des données utilisée aussi pour Touch ID.

Mais Face ID, pour le grand public, ce sont désormais aussi les désarmants animojis d’Apple, ces têtes d’animaux « façon Pixar », qui s’animent de manière synchrone avec son propre visage. La reconnaissance des mouvements faciaux est bluffante et bien sûr amusante… même si l’on doute un peu de l’intérêt de tout ceci à moyen terme; mais l’intérêt est ici ailleurs : cette technologie de reconnaissance faciale servira forcément dans d’autres types d’applications, sans doute dans les jeux ou lors de chat vidéo, ce qui permettra à Apple de concurrencer Snapchat. Le potentiel est en tout cas bien réel…Jonathan Ive l’a d’ailleurs promis : l’iPhone X héritera de nouvelles fonctions dans le temps; c’est une plate-forme ouverte…

A11 Bionic : la nouvelle ère du processeur mobile

Face ID, la réalité augmentée, tout ceci nécessite de la puissance, et l’iPhone X n’en manque pas. le processeur Bionic A11 est un Hexa-core 2.39 GHz (2x Monsoon + 4x Mistral) dont 4 coeurs entièrement consacrés aux traitement de type neuronaux (et sont à la manoeuvre lors de l’activation Face ID), deux coeurs capables d’effectuer près de 500 milliards d’opérations par seconde ! En traitement mono-coeur, les performances progressent de 30% d’une génération à l’autre, du A10 Fusion au A11 Bionic; mais se limiter au mono-coeur n’a ici que peu de sens dans la mesure où le A11 est taillé avant tout pour les traitements multi-coeurs, c’est à dire la réalité augmentée, la reconnaissance faciale 3D, le calcul intensif ou bien encore les jeux 3D de qualité console; contrairement aux précédentes générations de Ax, Apple a vraiment « architecturé » son nouveau processeur avec le multi-coeur en tête, offrant même la possibilité aux développeurs de libérer la toute puissance combinée des 6 coeurs, pour des performances de calculs qui surclassent alors totalement le A10 (70 à 80% de puissance supplémentaire en multi-coeurs).

Le concurrent Snapdragon 835 prend cher lui aussi; au Benchmark AnTuTu (version 6.0), le A11 tutoie les 215 000 points tandis que le meilleur smartphone sous Android (Le One Plus 5) ne peut faire mieux que 180 000 points. Le Galaxy Note 8 (160 000 points) est quant à lui totalement hors course, sous Exynos ou Snapdragon…Cette puissance du A11 Bionic se constate surtout dans les grosses applications: Grid Autosport, The Machines (jeu en AR avec rendu Unreal Engine) tournent comme des horloges. Safari s’avère aussi très rapide, et globalement, l’interface est d’une fluidité de tous les instants…

Le nouveau roi de la Photo

Ces dernières années, Apple a eu du mal à tenir son rang dans le classement des meilleurs photophones. Pendant que la concurrence Android proposait des capteurs toujours plus gros avec des ouvertures toujours plus importantes, Apple se contentait bien souvent de peaufiner son ISP (Image Signal Processor) et le rendu global des clichés, sans tenir compte du fait qu’on ne peut pas aller au delà des limites physiques des optiques : les iPhone étaient devenus tristement « moyens » en conditions de faible lumière, sans compter des clichés manquant singulièrement de piqué.

Dans ces conditions de « ciel », la plupart des smartphones concurrents ne parviennent pas à bien déboucher les détails dans les nuages; mais pas l’iPhone X

Mais l’iPhone X, heureusement, ne suis pas cette tendance du « plus avec moins » (qui devenait in fine du « moins avec moins »); le double capteur du X – un 12 MPx à ouverture f/1,8 + 12 MPx à ouverture f/2,4 – délivre cette fois des clichés très détaillés, et surtout d’une dynamique et d’une intensité colorimétrique assez bluffante pour ce qui reste malgré tout un simple photophone. Surtout, les clichés réalisés en condition de faible luminosité s’avèrent beaucoup mieux rendus, plus précis, avec moins de bruits (même si Apple privilégie toujours un peu de bruit « restant » afin d’ éviter de trop « lisser » l’image).Le stabilisateur OIS sur les DEUX objectifs n’est pas pour rien dans cette augmentation importante des performances dans ces conditions de prise de vue plus « difficiles ».

Quant au zoom optique X2 (au delà il s’agit d’un zoom numérique), il est tout simplement le meilleur que nous ayons testé sur smartphone.
La fidélité des couleurs est franchement renversante (vraiment aucune différence entre ce que voit l’oeil et ce que l’on voit sur le cliché) et la réactivité de l’auto-focus à détection de phase égale presque celle du Huawei Mate 10 Pro (c’est dire…).

Le capteur frontal de 7 MPx bénéficie quant à lui du capteur Truedepth, qui peut « scanner » le visage pour permettre par la suite d’effectuer un traitement volumétrique de la lumière dans le mode Portrait (le même mode Portrait est disponible avec les capteurs au dos, mais les clichés obtenus sont forcément moins bons); ce traitement de la lumière en « post-prod » donne des résultats contrastés, parfois excellents, parfois catastrophiques (très mauvais détourage sur les lunettes par exemple), et il ne faudra pas hésiter à multiplier les clichés pour en obtenir enfin un qui corresponde au résultat attendu. N’oublions pas enfin que l’on peut bien sûr récupérer les clichés au format brut (RAW), et effectuer par la suite tous les traitements d’image nécessaire. Bref, la photo sur l’iPhone X, c’est du lourd, du très lourd, ce qu’a par ailleurs confirmé le spécialiste de la photo DxOMark qui lui a attribué la note de 101/100.

Les deux photos ci-dessus ont été prises dans des conditions de luminosité très faibles

Du côté de l’enregistrement vidéo, le résultat est certes très bon, mais pour tout dire moins étonnant (et surtout moins en rupture avec les précédents modèles d’iPhone). Comme toujours le rendu colorimétrique est excellent, les vidéos en conditions de faibles luminosité s’améliorent, et la fluidité est bonne sans être non plus ébouriffante dès lors qu’on effectue un travelling par exemple. Rappelons que l’on peut choisir entre plusieurs définition d’enregistrement (2160 en 24/30/60fps, ou FULL HD 1080p en 30/60/120/240fps); la qualité du son enregistré est tout à fait correcte, mais si l’on souhaite se lancer dans la création audiovisuelle (ce qui vraiment possible désormais avec un iPhone), il vaudra clairement mieux privilégier un bon micro externe.