Hier, nombreux étaient ceux qui se demandaient pourquoi l’action AAPL remontait en flèche alors que le jour même de l’annonce des résultats d’Apple pour le Q2 fiscal, IDC avait publié un tableau des ventes de smartphones absolument catastrophique pour Apple (36 millions d’iPhone écoulés et une chute vertigineuse de 30% des ventes). L’explication est pourtant simple : de nombreux analystes de Wall-Street considèrent que cette estimation est une pure blague.

Le plus virulent a sans doute été le très réputé Neil Cybart (Above Avalon), qui en un tweet a massacré l’organisme d’étude de marché, déclarant que les erreurs manifestes sur les chiffres de ventes d’iPhone étaient même « embarrassants pour IDC » ; il faut dire qu’un rapide calcul (niveau 6ème) permet de constater que quelque chose cloche: 36 millions d’iPhone pour 31 milliards de chiffres d’affaires, cela correspond à un prix moyen de vente de plus de 850 dollars. Impossible bien sûr dans le contexte : les acheteurs d’iPhone auraient donc jeté leur dévolu sur des iPhone nettement plus chers en moyenne, en totale rupture avec le trimestre précédent, alors même qu’Apple a pourtant multiplié les promotions comme jamais et que l’iPhone XR a cartonné partout dans le monde (sans compter l’iPhone 8, qui est encore dans le classement des plus grosses ventes de smartphones) ? Ce prix d’achat moyen est du reste plus de 50 dollars au dessus du record établi lors du Q4 2017 (797 dollars, avec un iPhone X en tête des ventes). Comment IDC a t-il pu commettre une telle boulette ?

Depuis, d’autres sociétés d’étude des marchés ont fourni leurs propres estimations de ventes d’iPhone; toutes sont très au dessus de celle d’IDC: Canalys (40,3 millions), CounterPoint Research (42 millions) ainsi que Strategy Analytics (43,2 millions) donnent une tout autre approche de l’ampleur du gadin d’Apple, avec des baisses de ventes qui oscillent entre 22 et 15%. Cela reste inquiétant pour Apple, mais ce n’est sans doute pas (encore) la fin du monde… Il reste un soucis : les chiffres d’IDC sont souvent réutilisés dans les médias comme s’il s’agissait de chiffres réels, fournis par les fabricants eux-mêmes; et pour une raison parfaitement inconnue, c’est souvent IDC qui est privilégié dans les éditos de presse, alors que ce dernier a un historique réellement catastrophique concernant les estimations de ventes de produits Apple. Le risque ici est bien que des petits porteurs prennent ces chiffres pour agent comptant et achètent ou revendent des actions AAPL en fonction des ces données erronées. Heureusement, dans le cas présent, les analystes « capés » de Wall-Street ont vite réagi… en ignorant royalement la publication fantaisiste d’IDC…

MaJ du 03/05 : IHS vient de publier sa propre estimation du nombre d’iPhone vendus sur le trimestre écoulé; pour IHS, Apple a vendu 43,8 millions d’iPhone lors du Q1 2019 (l’iPhone est crédité d’une part de marché de 14%). Sur les 5 principales sociétés d’analyse des marchés, IDC est donc la seule à fournir un chiffre en dessous des 40 millions (largement en dessous qui plus est). C’est pourtant le chiffre d’IDC qui a été le plus repris dans les médias.