Stephane Richard, PDG de France Télécom, a confirmé l’accord entre Orange et Free Mobile, permettant à Free d’utiliser le réseau 3G d’Orange et ainsi avoir le temps de rattraper son retard (pour ne pas dire son absence) de couverture nationale en téléphonie mobile. Ainsi, le fruit riche en vitamine C (mais moins que l’acerola) va partager son réseau avec son futur concurrent-casseur-de-prix Free Mobile.


Un temps prête à signer un accord d’itinérance pour partager son réseau avec Free Mobile, SFR, la bonté dans l’âme, avait proposé à Free un partage de son réseau … 2G. Une proposition pas très fair play à l’heure de la 3G. Du côté de Bouygues, le son de cloche était le même.

 Le groupe Iliad (Free) a réussi à trouver un accord avec Orange lui louant son réseau 3G, débloquant ainsi la situation pour Free. Free qui a obtenu, en décembre 2009, la quatrième licence de téléphonie mobile en France. Bouygues, Orange et SFR étant tenus de l’accueillir sur leurs réseaux 2G, pas au-delà. Dans son numéro du vendredi 24 septembre, La Lettre A, rappelant que l’Autorité de régulation des communications et des postes n’avait pas prévu de droits à l’itinérance 3G dans la licence de téléphonie mobile attribuée à Free en janvier 2010, parlait il y a quelques semaines d’une « bourde de l’Arcep » . Sur ce point, l’Arcep se défend dans un communiqué assez sec à l’encontre de La Lettre A.

Pourquoi l’ARCEP n’a-t-elle pas pu prévoir le droit à l’itinérance 3G pour le 4ème opérateur mobile ?

Il n’était pas légalement possible pour l’Autorité de prévoir un tel droit dans la licence de Free puisque l’appel à candidature qui a débouché sur la sélection de Free Mobile pour une quatrième licence de téléphonie mobile s’inscrivait dans la continuité des précédents appels à candidature initiés en 2000 et qui ont permis, en 2001 et 2002, l’octroi de licences 3G aux sociétés SFR, Orange et Bouygues télécom, qui étaient déjà titulaires de licences 2G.

Ces appels à candidature avaient prévu dès 2000 quatre licences 3G. Dans le but de permettre une concurrence loyale entre opérateurs, il était prévu que l’opérateur ne bénéficiant pas d’un réseau 2G aurait droit à une itinérance 2G, afin que, lors de l’ouverture commerciale de son réseau 3G, il ne soit pas handicapé par rapport aux autres opérateurs. Ce droit à l’itinérance 2G du nouvel entrant a été inscrit dès le départ dans les licences 3G des trois opérateurs sélectionnés. Il ne pouvait être question d’octroyer une mesure d’itinérance 3G au bénéfice du nouvel entrant, alors qu’aucun opérateur n’avait encore déployé de réseau 3G. Ainsi, dès lors que l’attribution d’une licence à Free Mobile s’inscrivait dans la même procédure que celle ayant conduit à attribuer les trois premières licences, il n’était pas possible d’en modifier les règles d’organisation pour imposer, dans le cadre de cette procédure, un tel droit à l’itinérance 3G.

L’extension à la 3G lève l’une des dernières hypothèques à l’offre pour mobiles de Free. Les smartphones et leur fort développement, exigent un haut débit qu’assure le réseau 3G. Seul bémol : pour bénéficier de ce coup de pouce de la part d’Orange, il faudra que Free Mobile ait déployé son réseau à hauteur de 25 % de la population. L’opérateur s’est par ailleurs engagé à développer son propre réseau pour couvrir au moins 90 % de la population d’ici 2018. Quoi qu’il en soit et pour peu que Free Mobile puisse satisfaire aux exigences de cet accord, elle ne sera en mesure de déployer son réseau sur l’hexagone qu’à partir de janvier 2012. Selon Les Echos, cet accord rapportera plus d’un milliard d’euros sur cinq ans à Orange, dont « quelques millions » pour la première année. Dans ce contexte, le titre Iliad a immédiatement réagi à la hausse, dépassant même son plus haut annuel, les investisseurs saluant l’alliance entre l’opérateur le plus solide, France Télécom, et le plus dynamique, Free Mobile.

Évidement, ouvrir un réseau en offrant une couverture maximale (via Orange) à ses nouveaux clients, permet de s’assurer un bon départ dans la téléphonie. Pour autant, ce choix risque d’être à double tranchant. Il risque en effet d’être beaucoup plus compliqué pour Free de « casser les tarifs de moitié » , comme le groupe l’avait annoncé, après un tel accord. Cependant, il reste a Free une belle marge de manœuvre en terme d’offres simplifié, sans restrictions où l’on ne paie que ce que l’on consomme.

Le quatrième opérateur sera donc (pour un temps) … Orange ! Cherchez l’erreur.