Écoutes de Siri : Apple est attaqué en France avec une action collective
Depuis quelques années, Apple est sous le feu des critiques à cause des accusations d’écoutes secrètes menées via son assistant vocal Siri. Après des révélations en 2019 par un lanceur d’alerte, l’entreprise a été accusée d’enregistrer, sans le consentement des utilisateurs, des conversations personnelles. Alors que le fabricant d’iPhone a pris des mesures pour répondre à ces accusations, la situation n’est pas encore réglée.
La polémique des écoutes de Siri continue
En 2019, un lanceur d’alerte a dénoncé des pratiques inquiétantes : des sous-traitants d’Apple auraient écouté et retranscrit des conversations personnelles de milliers d’utilisateurs, souvent à leur insu. Ce scandale a rapidement pris de l’ampleur. Des échanges privés, portant sur des sujets sensibles comme la religion, la politique ou des informations confidentielles, auraient été enregistrés et exploités dans le cadre du développement de Siri.
Face à cette polémique, Apple a rapidement réagi. L’entreprise a mis en place des changements dans son fonctionnement, assurant qu’aucune discussion ne serait désormais enregistrée sans le consentement explicite de l’utilisateur. Selon un communiqué, « Apple n’a jamais utilisé les données Siri pour établir des profils marketing, ne les a jamais rendues disponibles pour de la publicité et ne les a jamais vendues à qui que ce soit ». Malgré cela, la méfiance des consommateurs n’a cessé de croître, et certains continuent à remettre en question l’intégrité des pratiques de la firme.
Une action collective en France contre Apple
Alors que la situation restait tendue aux États-Unis, où Apple a récemment accepté de verser 95 millions de dollars pour clore un procès, la France entre dans la danse avec une action en justice. En février, la Ligue des droits de l’Homme a déposé une plainte pour atteinte à la vie privée. Aujourd’hui, une action collective est lancée pour défendre les intérêts des utilisateurs français.
Julien Bayou, ancien député Europe Écologie-les Verts et avocat à l’origine de l’initiative, a expliqué au Parisien : « En France, d’après nos estimations, quatre millions de personnes minimum utilisent un appareil Apple. Cela signifie que de très nombreuses personnes ont pu être écoutées à leur insu en France ». L’objectif de cette action collective est de faire reconnaître un préjudice moral pour les utilisateurs concernés et de demander des compensations financières à Apple.
Comment l’action collective se met en place ?
Les utilisateurs d’appareils Apple, tels que l’iPhone, l’iPad, l’Apple Watch ou encore les AirPods, peuvent rejoindre l’action collective. Pour cela, ils doivent se rendre sur le site ecoutesabusives.fr et remplir un formulaire détaillant leur identité et l’appareil concerné. Selon les avocats impliqués, les utilisateurs devront aussi fournir une pièce d’identité et une preuve de possession de l’appareil.
Les avocats, qui représentent cette action, ont bien l’intention d’aller jusqu’au bout. Ils prévoient de déposer une mise en demeure devant le tribunal judiciaire de Paris avant l’été, avec l’espoir de parvenir à un règlement amiable. Mais la proposition d’Apple, qui a versé 20 dollars par plaignant aux États-Unis, est jugée insuffisante en France. « Nous allons demander le remboursement de chaque appareil – et pas de 20 dollars comme aux États-Unis ! », précisent-ils. En outre, les plaignants qui occupent des fonctions sensibles, comme les médecins ou les éducateurs, pourraient demander des compensations supplémentaires pour les préjudices subis.
L’enjeu du droit européen
Les avocats qui mènent cette action se basent sur le droit européen pour faire plier Apple. Selon Julien Bayou, « le simple fait de craindre que des données personnelles aient été enregistrées et utilisées à mauvais escient représente un préjudice moral ». En effet, le droit européen accorde une grande importance à la protection des données personnelles et exige que le consentement des utilisateurs soit éclairé. Si Apple avait souhaité enregistrer des conversations pour entraîner Siri, l’entreprise aurait dû demander l’autorisation explicite des utilisateurs. Or, selon les plaignants, ce consentement n’a jamais été clairement demandé.
L’objectif de cette action est clair : forcer Apple à respecter les régulations européennes sur la protection de la vie privée. « Toutes les personnes, qu’elles aient été écoutées ou potentiellement écoutées, avec ou sans preuve, peuvent rejoindre la procédure », ajoute Julien Bayou. Les avocats espèrent que cette mobilisation collective fera pression sur l’entreprise et contribuera à garantir le respect des droits des consommateurs.
Une affaire à suivre
L’affaire des écoutes de Siri n’est pas terminée et pourrait marquer un tournant dans la manière dont les entreprises traitent les données personnelles de leurs utilisateurs. Alors qu’Apple tente de se défendre et de se réconcilier avec ses clients, la justice européenne pourrait jouer un rôle clé dans la résolution de cette polémique. L’issue de cette action collective pourrait bien être un point de référence pour d’autres affaires similaires à l’avenir.