L’Apple Developer Academy de Détroit critiquée pour son coût et ses résultats mitigés
L’efficacité de la formation dispensée par l’Apple Developer Academy de Détroit, ainsi que son rapport qualité-prix, font l’objet de nouvelles interrogations. Des documents financiers jusqu’ici inédits révèlent que si Apple reste le principal contributeur, les contribuables du Michigan (État où se trouve la ville de Détroit) financent une part importante de ce programme.

Une facture salée pour les contribuables du Michigan
Alors qu’Apple était déjà connu comme sponsor majeur, la répartition exacte des dépenses n’avait jamais été rendue publique. Selon Wired, le coût total de fonctionnement sur quatre ans s’élève à 29,6 millions de dollars, soit environ 20 000 dollars par étudiant.
La répartition du financement s’établit de cette façon :
- Apple : environ 11,6 millions de dollars (soit un peu moins de 40 % du total).
- Fondations et coopératives de crédit universitaires : plus de 9,4 millions de dollars.
- État du Michigan (frais de scolarité et autres) : environ 8,6 millions de dollars, dont 6 millions pour aider à couvrir le coût de la vie des étudiants.
Ce programme de 10 mois, premier du genre aux États-Unis après des lancements au Brésil et en Italie, fait partie de l’initiative d’Apple pour l’équité raciale et la justice. Il forme au développement d’applications avec le langage Swift, à la conception d’interfaces et aux compétences commerciales pour iOS, macOS et les autres systèmes d’Apple.
Des débouchés professionnels jugés insuffisants
Au-delà du coût, c’est la capacité de l’académie à insérer ses élèves dans le monde du travail qui inquiète. Selon les responsables de l’école, environ 71 % des diplômés des deux dernières années ont trouvé un emploi à temps plein. Un chiffre jugé moyen par Amy J. Ko, chercheuse en éducation informatique à l’université de Washington, qui note que les programmes de premier cycle de son propre département affichent un taux de placement de 95 %.

Les étudiants pointent du doigt la nature des projets de deuxième année. Beaucoup travaillent pour de petites entreprises aux objectifs flous qui semblent peu enclines à embaucher à l’issue du cursus. « J’avais de l’espoir d’entrer dans le monde de la tech et j’ai juste l’impression que ce ne sera pas vraiment possible car je n’obtiens pas l’expérience nécessaire », témoigne un élève déçu.
Face aux critiques statistiques, Apple réplique que les chiffres ne racontent pas toute l’histoire. Susan Prescott, vice-présidente des relations développeurs chez Apple, affirme que la majorité des anciens élèves occupent des postes nécessitant des compétences en développement, design ou gestion de projet affinées durant leur formation.
L’entreprise soutient que le succès des anciens élèves ne se limite pas aux seuls postes de développeurs purs, les savoirs acquis étant transposables à une vaste gamme de carrières non techniques. Malgré ces assurances, le doute persiste sur la rentabilité réelle de cet investissement public-privé pour les étudiants en quête d’une carrière solide dans le monde de la tech.
