Steve Jobs, le film : le prix Turing accordé à Tim Berners-Lee prouve à quel point le scénario est bidon
Sur le plan cinématographique, ou filmique pour les puristes, Steve Jobs, le film de Danny Boyle, est plutôt un bon cru, qui fait facilement honte à la réalisation « téléfilm » du premier métrage consacré à la vie du co-fondateur d’Apple (celui avec Kutcher dans le rôle de Jobs). Mais au delà des qualités de mise en scène et d’une direction d’acteur très honorable, il reste la question de la « véracité » des éléments rapportés dans le film, éléments tous « à charge » contre le bouillant patron de la Pomme; le Macintosh ? Un vol d’idées à Jeff Raskins selon le film, alors que justement le produit présenté au public en janvier 84 n’avait rien à voir avec le projet initial de Raskins, qui fut jeté à la poubelle (et Raskins avec, qui démissionna de la société après une énième dispute avec Jobs). Le Wozniak du film (interprété par Seth Rotgen) se permet de lancer une longue tirade à son compère Steve, lui faisant remarquer qu’il ne sait pas programmer…alors que le parcours de Jobs est celui d’un enfant surdoué en électronique (infiniment moins que le Woz, mais tout de même…), et qui surtout travailla à ses débuts chez HP et Atari en tant…que programmeur justement.
Et puis il y a cette scène surréaliste où Wozniak à nouveau flingue Jobs en lui expliquant que son nouveau bébé, le cube NeXT, un ordinateur-station de travail particulièrement sophistiqué pour l’époque, ne sert absolument à rien et qu’il est même une preuve que l’homme au col roulé noir fait passer le design avant l’utilité de ses produits. Sauf que dans le monde réel, pas celui du film donc, le NeXT a une histoire prestigieuse puisque c’est sur l’un de ces cubes noirs que Tim Berners-Lee, alors ingénieur au CERN, a créé les toutes premières bases du réseau internet, le WorldWideWeb, en 1989; pas moins.
Sir Tim Berners-Lee, inventeur d’internet…sur une machine NeXT
Cette invention majeure, dont l’impact sur nos vies se mesure tous les jours, vaut aujourd’hui à Tim Berners-Lee une reconnaissance universelle sous la forme du Prix Turing 2016, qui est la plus haute distinction accordée dans le secteur informatique. Ce cher Tim a reçu le trophée suprême pour « ses contributions majeures d’importance durable pour l’informatique« . Mais à part ça, le NeXT n’a servi à rien…Rappelons aussi que le NeXT a permis des avancées fondamentales dans la recherche sonore dans les labos de l’IRCAM, que « John Carmack a également utilisé un NeXT Cube pour développer deux de ses jeux vedettes : Wolfenstein 3D et Doom » (source Wiki) , et surtout, que le système d’exploitation du NeXT, (NeXT OS puis NeXTStep) a fondé les bases de ce qui allait devenir OS X. Malgré ses graves incohérences de scénario, Steve Jobs reste malgré tout un film à voir (disponible sur iTunes).
Le NeXT a permis peut-être des avances majeures mais il faut que vous avouiez qu’il a été un énorme bide commercial et c’est sur ce point que les personnages parlent dans le film.
Non, lors d’un dialogue, il est bien question de l’inutilité supposée du NeXT, pas seulement de son échec commercial, ce qui est une erreur totale en regard de l’histoire de l’informatique. A force d’être à charge, le film multiplie les erreurs factuelles (et pas seulement sur le NeXT)
D’accord avec Fred. Très bel éclairage, Merci. Et belle reconnaissance pour « Sir Tim ».
J’ai adoré ce film. Je ne m’attendait pas à un jeu d’acteur et une mise en scène aussi poussée. Une vraie surprise. En revanche, il était évident l’histoire à été quelque peut modifiée. C’est dommage, mais ce film reste à voir, même pour les gens qui n’accordent pas spécialement d’importance à la Pomme, mais qui en revanche, aiment le bon cinéma.