Apple a présenté son Vision Pro comme un casque XR premium principalement conçu pour la consommation de contenus médias (jeux, séries), le télétravail 2.0 (un Mac devant les yeux) et la communication à distance, des activités qui à priori concernant principalement l’utilisateur « lambda ». Sauf qu’il y a un prix, 3500 dollars, et une période pré-lancement de plus de 6 mois, qui laissent entendre que cette première version de l’Apple Vision est prioritairement destinée aux « Pros ». Cette « cible » prioritaire a beaucoup été discutée sur la toile, et plusieurs commentateurs et analystes se sont ouvertement étonnés de la stratégie menée par Apple, eu égard à la « structure » du secteur pro qui gravité déjà autour des outils VR, AR ou XR. Force est de reconnaitre en effet que le secteur pro « pro XR » est presque à 100% tourné vers des solutions logicielles sous Windows et que les outils mis en place (eux aussi uniquement compatibles Windows) ne laissent pas vraiment de la place à un autre écosystème.

Apple Vision Pro Seconde Sangle

Dans les secteurs de la conception automobile, de l’ingénierie et de l’industrie en général, le Mac est pour ainsi dire quasi absent, encore plus lorsqu’il s’agit d’outils XR utilisés pour des tâches ultra spécifiques. Le HoloLens 2 (Industrial Edition) de Microsoft est déjà utilisé par des gros clients dans des process « full écosystème Microsoft ». C’est ainsi le cas de Total, qui utilise l’HoloLens pour former ses techniciens à la maintenance des cuves. Idem pour les laboratoires UPSA, qui intègrent eux aussi l’HoloLens dans leurs séances de formation. Chez Schneider Electric, les ingénieurs sont équipés d’un casque HoloLens pour « augmenter » l’information et chez Dassault Aviation, l’appareil sert à la maintenance du Rafale. Du lourd.

Microsoft fait aussi ses pubs HoloLens « au salon » mais au final, son casque est uniquement utilisé dans l’espace professionnel du secteur industriel 

Mais alors, y’a t-il vraiment une raison de s’inquiéter de la percée du Vision Pro chez des « pros » déjà bien rodés aux solutions de Microsoft ou de Varjo ? En fait sans doute pas, pour la simple et bonne raison que le secteur pro que vise Apple n’est pas l’industrie lourde, l’automobile ou les firmes pharmaceutiques. Apple ne cible pas les pros qui travaillent pour d’autres pros mais vise principalement les pros qui sont avant tout « prosumer » , c’est à dire les professionnels qui développent des outils logiciels à destination d’un utilisateur domestique, que ce dernier soit un particulier ou un télétravailleur. Ce secteur pro, qui a lui-même pour clientèle les 1,5 milliards d’utilisateurs dans l’écosystème iOS/macOS, regroupe des développeurs, des créateurs de contenus (films ou séries 3D par exemple), des studios de jeux, des fabricants d’accessoires, etc.

Ce sont ces professionnels qu’a tenté de séduire Apple avec une présentation qui montrait en fait la direction à suivre, pas les ingénieurs de Total qui bossent sur AutoCAD. Car l’Apple Vision Pro a besoin de tout : de jeux, de logiciels professionnels de création, de formation, de Fitness ou de tourisme, de films et de séries en 3D immersive, etc. Cela n’interdit pas Apple de s’attaquer un jour à ce secteur Pro bien spécifique qui semble particulièrement obnubiler les analystes, ces mêmes analystes qui ont un peu trop tendance à oublier que tout le monde ne travaille pas au service de l’industrie.