Les avocats d’Apple ne veulent rien lâcher : suite aux plaintes de consommateurs qui accusent Cupertino d’abuser de sa position dominante avec l’App Store (aucune autre boutique applicative n’est autorisée), les représentants juridiques de Cupertino ont déployé hier leurs arguments devant les juges de la Cour Suprême. La plus haute juridiction américaine doit en effet trancher pour décider s’il y a matière à poursuivre Apple, sachant que le verdict final est attendu pour le mois de juin 2019.

Pour les avocats des plaignants, l’affaire est entendue : l’absence de concurrence sur l’App Store oblige les développeurs à payer la taxe de 30% ce qui mécaniquement pénaliserait les clients finaux puisque ces 30% sont inclus dans le tarif de chaque app (payante). Daniel Wall (l’avocat représentant Apple) estime que cette plainte n’a pas de réelle base juridique : Apple ne serait pas un distributeur mais un « simple » intermédiaire entre les devs et les utilisateurs. Les plaignants seraient donc avant tout les clients des développeurs et non ceux d’Apple. Pour l’avocat, accepter la plainte en l’état ferait peser un risque de poursuites sur les développeurs. En outre, l’accord concernant les 30% de taxe serait signé avant le développement de l’app, ce qui signifie pour Apple que le tarif global de l’app serait en quelque sorte planifié en amont.

Evidemment, la partie adverse ne se satisfait pas de ces arguments; Apple serait bien un distributeur qui devrait donc rendre des comptes sur les tarifs appliqués dans ses boutiques. La question du rôle d’Apple en tant que simple intermédiaire ne serait pas – de toute façon – le cœur du problème. En empêchant les utilisateurs de passer par des boutiques tierces pour l’installation d’apps « moins chères » et moins « taxées », Apple se placerait de facto en position d’abuser de sa position dominante (sur la distribution d’apps iOS). Ce débat sera tranché au mois de juin, mais les premiers retours en « off » semblent indiquer que les juges de la cour Suprême seraient plutôt enclins à poursuivre la plainte anti-trust…  Dans l’hypothèse (tout à fait possible) où Apple perdrait l’exclusivité de la distribution d’apps sur iOS, ce sont des milliards de dollars de revenus qui pourraient ainsi disparaitre des lignes comptables d’Apple.