Production d’iPhone : une enquête accable Foxconn sur les conditions de travail
Un rapport de l’ONG China Labor Watch dénonce une nouvelle fois les conditions de travail précaires dans la plus grande usine d’iPhone au monde, gérée par Foxconn à Zhengzhou en Chine. Malgré les promesses d’amélioration d’Apple, l’enquête pointe l’utilisation massive de personnel temporaire, des discriminations systématiques et une forte pression sur les employés.
Une main-d’œuvre « jetable » au cœur du système
Au cœur des critiques se trouve le recours excessif à ceux qui se font appelés des « travailleurs détachés », à savoir des intérimaires. Durant les pics de production, ces employés saisonniers représentent plus de la moitié des 200 000 personnes employées, alors que la loi chinoise fixe un plafond de 10 %. Cette pratique permet à Foxconn d’ajuster sa main-d’œuvre aux cycles de demande fluctuants d’Apple.
Ces travailleurs ne bénéficient pas des mêmes avantages que les employés à temps plein, comme les congés maladie, les congés payés ou l’assurance sociale. De plus, pour les dissuader de démissionner, une partie de leur salaire et de leurs primes est souvent versée avec plusieurs mois de décalage. « La chaîne d’approvisionnement d’Apple continue de dépendre d’une vaste main-d’œuvre jetable », dénonce Li Qiang, le fondateur de China Labor Watch.
Discrimination et pression au quotidien
L’enquête de six mois, menée par le Financial Times avec des observateurs infiltrés chez Foxconn, révèle également des pratiques discriminatoires. Les candidatures de minorités ethniques comme les Ouïghours, les Tibétains ou les Huis sont systématiquement rejetées via le système de recrutement de l’usine. Jusqu’à récemment, un examen médical par rayons X, obligatoire à l’embauche, excluait de fait les femmes enceintes.
La pression est également palpable. De nombreux salariés effectuent entre 60 et 75 heures de travail par semaine pour compléter un salaire de base aligné sur le minimum local. Une ouvrière a confié : « Certains managers ont une mauvaise attitude. Nous travaillons dur, mais [les managers] continuent de nous pousser et de nous presser ».
Une envie de se tourner vers l’Inde plutôt que rester en Chine
Apple a cherché à réduire sa dépendance vis-à-vis de la Chine en délocalisant sa production en Inde, où Foxconn est également présent, et s’est fixé comme objectif interne d’y assembler tous les iPhone destinés aux États-Unis d’ici l’année prochaine, en réponse aux droits de douane imposés par Donald Trump à la Chine.
« La guerre commerciale a créé une grande incertitude quant aux commandes. Jusqu’au dernier moment, on ne sait pas si Apple va attribuer la production à l’Inde ou aux usines chinoises », a déclaré Li Qiang de l’ONG China Labor Watch.
Apple et Foxconn réagissent
Interrogés, Apple et Foxconn ont réagi. Apple a déclaré que ses équipes étaient « sur place et [avaient] immédiatement ouvert une enquête » après avoir été informées des conclusions de China Labor Watch, ajoutant que la société était « fermement engagée à respecter les normes les plus strictes en matière de travail, de droits de l’homme, d’environnement et de conduite éthique ».
De son côté, Foxconn se défend en déclarant être « un employeur garantissant l’égalité des chances » qui « ne tolère aucune discrimination ». L’entreprise a ajouté qu’au cours des deux dernières années, elle s’était « soumise de manière proactive à des audits indépendants réalisés par des tiers » qui ont démontré « une conformité et une transparence irréprochables en matière de responsabilité sociale et environnementale ».
Le tableau est toutefois nuancé par le contexte économique chinois. Face à la montée du chômage des jeunes, un poste chez Foxconn reste une option pour beaucoup. Certains travailleurs interrogés par le Financial Times estiment même que les conditions de vie y sont meilleures que dans d’autres usines locales, citant la climatisation ou les subventions à la cantine.
Le rapport note tout de même quelques améliorations par rapport à une enquête menée il y a cinq ans, notamment l’absence de travailleurs mineurs. Il n’en reste pas moins que selon Li Qiang, « les problèmes fondamentaux du travail persistent ».
Apple va demander d’abroger la dignité humaine dans les usines Foxconn.
Au niveau horaire si l’usine était en France nous serions encore à l’iPhone 8
Et si on était payé comme les chinois on serait au 3GS