L’ancien évangéliste d’Apple Mark Kawano sait de quoi il retourne; salarié chez Apple pendant 7 ans à la section Design, l’ingénieur connait les rouages profonds du fonctionnement de la société. C’est donc avec une certaine autorité sur la question que Kawano vient remettre quelques idées à leur place, sur Apple, Steve Jobs, et globalement ce que l’on peut bien appeler les 4 mythes modernes d’Apple.

Kawano veut d’abord tordre le cou à l‘idée générale que chez Apple, la qualité du design viendrait du fait que l’entreprise possèderait les meilleurs designers au monde. La vraie raison ? « C’est aujourd’hui la culture de l’ingénierie, et la façon dont l’organisation est structurée afin d’apprécier et de soutenir le design. Tout le monde ici pense en fonction de l’interface et du design, pas seulement les designers eux-mêmes. Et c’est que ce qui rend chaque élément sur le produit bien meilleur…bien meilleur encore que si cela ne provenait que d’un simple individu ou d’une équipe de Design. »

Mark Kawano

Seconde idée toute faite, les designers chez Apple seraient très nombreux et s’immisceraient dans la plupart des projets de la société. En fait, il n’y aurait qu’une centaine de personnes travaillant à la division design, c’est à dire infiniment moins que ce que l’on peut trouver chez Samsung par exemple.

Troisième poncif, Apple aurait une sorte de calendrier secret caché dans un coffre enfoui sous terre, écrit bien sûr directement de la main de Steve Jobs lui-même; et dans ce coffre se trouveraient les évolutions de chaque gamme de produits pour les 10 prochaines années. En fait, le hasard et le libre arbitre seraient les seuls vrais maîtres; « c’est presque impossible de créer des choses vraiment innovantes quand vous avez une deadline et un programme à suivre« .

Enfin, concernant le caractère tyrannique de Steve Jobs, Kawano explique que la réalité est beaucoup plus équilibrée et « démocratique »; « Je crois que Steve avait un très faible niveau de tolérance pour les personnes qui ne se souciaient pas vraiment du produit« , mais qu’au delà de ça, le Pdg d’Apple était « super accessible« .

Il n’est pas certain que ces petites mises au point suffisent à inverser les opinions au sujet d’Apple. Les individus, qu’ils soient simples utilisateurs, analystes financiers ou journalistes dans le secteur high-tech, préfèrent souvent les belles histoires avec mythes et légendes à une réalité plus terne, qui expliquerait en plus que cette entreprise ne dépendait pas du bon vouloir d’un seul homme. Car cette histoire là manque de « drama », de fausses peurs, de trolls, et d’annonciateurs d’une catastrophe prochaine. Tout ce qui fait rêver, vendre du papier, et alimente la boîte à fantasmes…