Rob Hall est un analyste de J.P Morgan, et comme tout bon analyste il passe son temps à essayer d’entrevoir les décisions à venir des grandes entreprises américaines. Et au sujet d’Apple, l’intéressé n’est pas d’un grand optimisme concernant l’arrivée d’un possible iPhone doté d’un écran en saphir synthétique, du moins pas pour tout de suite. Les arguments de Hall ? Il se basent sur le fait que GT Advanced Technologies (l’usine de saphir qui travaille pour Apple) s’est porté acquéreur d’une société du nom de Twin Creeks, qui utilise un système de fabrication baptisé Hyperion qui pourrait significativement faire baisser le coût de production des écrans en saphir synthétique.

Hall rappelle que le saphir synthétique revient 10 fois plus cher à la fabrication qu’un écran de type Gorilla Glass, et qu’Apple se refusera sans doute à baisser sa marge pour « éponger » le surcoût engendré. Et bien sûr, il y a cette fameuse société Twin Creeks récemment rentrée dans le giron de GT Advanced, trop récemment pour pouvoir être intégrée à une chaîne de production d’écrans en saphir à destination de l’iPhone 6.

saphir ecran iphone 6

L’analyste continue malgré tout de croire en un iPhone recouvert de saphir, mais pour 2015 seulement, estimant que ce modèle aura alors toutes les chances d’éclipser la concurrence.

Si l’avis de Rob Hall peut être pris en compte, force est tout de même de constater que certains points pourtant logiques font défauts. Le premier qui vient à l’esprit se réfère à cette vidéo d’un leaker reconnu, qui dévoilait récemment le comportement particulièrement impressionnant d’une vitre taillée pour un iPhone 4,7 pouces : résistance aux rayures, résistance extrême à la torsion, le verre dont il était question ne pouvait pas être du « simple » Gorilla Glass. Si Apple ne fabrique pas de verre en saphir ou en composite de saphir (plus probable qu’il ne s’agisse pas de saphir synthétique « pur »), comment cet écran s’est-il retrouvé là (et il ne peut s’agir d’un écran « prototype », qui n’aurait certainement pas « fuité » aussi facilement; la chose provient de l’usine de production).

Le second point qui prête quand même largement à « critiques » concerne la vision d’un Apple tellement arc-bouté sur sa marge qu’il ne pourrait faire aucune concession, même s’agissant d’un élément qui pourrait lui garantir une vraie avance sur la concurrence. A tout le moins, cette représentation là est fausse; la marge opérationnelle d’Apple a déjà fortement chuté cette année (et devrait continuer à le faire au dernier trimestre) ce qui indique justement que certains investissements consentis impactent déjà sur le niveau de cette marge. Si Apple estime que les capacités de production sont suffisantes et que le saphir est, comme le pense aussi Rob Hall, un atout maître pour dominer la concurrence, il y a très peu de chances qu’un simple différentiel de coût de fabrication de quelques dollars (on parle de 12 à 15 dollars par iPhone) suffise à réfréner les ambitions de Cupertino. L’Unibody des MacBook, l’écran Retina de l’iPhone 4, autant d’améliorations notables qui ont pesé sur les coûts sans entrainer pourtant leur remise en cause.

Tout reste donc encore (largement) ouvert pour un iPhone 6 en verre de saphir, la seule vraie contrainte concernant sûrement les capacités de production en très gros volumes. Pour le reste…