Les nouvelles mesures de cryptage annoncées par Google et déjà mises en place par Apple dans iOS 8 ne trouvent pas un écho très favorable chez les représentants de la justice ou des services spéciaux américains. Une semaine après le coup de gueule du Directeur du FBI James Coney, c’est au tour du Ministre de la Justice Eric Holder d’exprimer un désaccord profond avec la mise en place de procédés de cryptage rendant beaucoup plus compliqué la récupérations des données contenues dans les mobiles.

S’appuyant (comme toujours), sur la nécessité d’avoir les moyens de poursuivre les criminels comme les terroristes et les pédophiles, Eric Holder n’a pas mâché ses mots sur ce qu’il considère être une protection qui ne servira qu’à se soustraire aux autorités compétentes : « Je crois que personne ne devrait être au-dessus des lois. Ce qui m’inquiète, c’est le marketing de ces entreprises [Apple et Google] qui dit explicitement que les gens peuvent se placer au-dessus des lois […] Dans ce monde post-Snowden, je comprends qu’il y ait un retour de balancier. Ce qui m’inquiète, c’est que le balancier soit allé un peu trop loin dans l’autre sens »

Eric Holder

Même s’il n’y a pas lieu de s’étonner de tels propos (voire même de les trouver en partie légitimes), on peut tout de même s’interroger sur le fait que le plus haut responsable de la justice américaine demande un droit de récupération « discret » d’informations personnelles. A partir du moment où des failles/ouvertures existent dans les portables, elles peuvent certes profiter aux agences de renseignement dans le cadre de certaines enquêtes mais elles sont aussi la porte d’entrée possible de hackers, pirates et autres « nuisibles », qui fragilisent de fait la sécurité du citoyen. Pour quelle raison Eric Holder ne réclame t-il pas un droit à la récupération des données lors d’un accès physique à l’appareil, après une demande juridiquement et explicitement formulée ? Parce que sans doute, ce qui gêne le plus les grands patrons du FBI et de la Justice US n’est pas le cryptage des données lui-même mais le fait que celui-ci empêche ou rende très difficile une intervention à distance sur le mobile (et sans que l’utilisateur n’en soit averti), ce qui s’apparente pourtant à de l’espionnage pur et simple.

Ces dernières années, les différents projets de lois et mesures prises au nom de la lutte contre le terrorisme ou la pédophilie (Patriot Act aux Etats-Unis par exemple, mais nous avons le pendant français de ces mesures) n’ont eu de cesse de justifier l’usage de l’espionnage massif à l’encontre de toute la population. Au nom de l’efficacité supposée de ces procédés invasifs dans la lutte contre le crime on oublie qu’il n’y a en fait rien de logique à ce qu’un Etat puisse enquêter sur les moindres recoins de la vie privée de tous les individus au nom de la recherche d’information sur quelques criminels qui feraient parti de cette même population d’individus. La porte n’a pas à être ouverte à priori; la justice est (normalement) là pour demander le droit légal de la forcer; nuance.