Salihin Kondoker est le mari de l’une des survivantes de l’attentat de San Bernardino, Anies Kondoker. Dans la journée d’hier, Salihin Kondoker a déposé un amicus devant une cour fédérale de Californie, en soutien à Apple dans le cadre de l’affaire qui l’oppose au FBI. Mais si l’avis de monsieur Kondoker compte autant, c’est avant tout parce que sa femme travaille au San Bernardino County Health Department, ce qui signifie qu’elle était aussi une collègue de travail de Syed Rizwan Farook, le terroriste qui a assassiné de sang froid 14 personnes au SBCHD.

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Salihin Kondoker parle aujourd’hui au nom de sa femme, blessée et profondément choquée suite à l’attentat de San Bernardino

L’information choc de Kondoker concerne l’iPhone de travail de Farook, celui-là même que le FBI veut déplomber à l’aide d’une version iOS spécifique. On apprend ainsi que cet iPhone 5c n’était pas réellement la propriété de Farook et qu’il s’agissait d’un prêt du SBCHD (ce que l’on savait déjà), mais aussi que le compte iCloud rattaché à cet iPhone est un compte de travail, qui pouvait être librement consulté par les administrateurs du Département de la Santé de San Bernadino (c’est d’ailleurs une erreur du FBI qui aura conduit à ne plus pouvoir consulter à nouveau ce compte). Surtout, les paramètres de gestion de cet iPhone n’en font pas un bon « client » pour la sauvegarde d’infos « sensibles », comme le rappelle Kondoker dans son amicus :

« A mon avis,  il y a très peu de chances qu’il y ait une information importante sur ce téléphone. C’était un iPhone de travail. Ma femme a aussi un iPhone géré par le comté de San Bernardino et elle ne l’a jamais utilisé pour des communications personnelles. San Bernadino est l’un des plus grands comtés dans le pays. Ils peuvent suivre le téléphone par GPS dans le cas où ils ont besoin de savoir où se trouve la personne. Deuxièmement, le compte iCloud et le compte pro sont contrôlés par le comté, ce qui leur permet de suivre toutes les communications. Ce sont des informations de base, connues de ma femme et des autres employés.

Pourquoi quelqu’un stockerait des contacts vitaux rattachés à une attaque terroriste sur un téléphone qu’il sait être contrôlé par le comté ? Ils ont détruit leurs mobiles personnels après l’attaque. Et je crois que c’est pour une bonne raison. »

Ces déclarations consolident la position de ceux qui estiment que le FBI se sert de cette affaire comme d’un simple prétexte pour obtenir un bon de déblocage des mobiles à volonté, hors du cadre de la décision d’un juge. Le choix de rendre cette affaire publique et pas une autre (alors que 12  autres cas sont en attente, portant sur des affaires de droit commun), aurait été une stratégie délibéré du FBI pour instrumentaliser l’émotion suscitée par l’attentat afin de « forcer » un soutien de la population aux « portes dérobées », écartant ainsi la problématique « vie privée » de  l’équation.

Kondoker lui-même semble avoir été conscient de cette possible « manipulation » : « Quand j’ai d’abord appris qu’Apple s’opposait à l’injonction de justice, j’étais frustré que cela ne devienne un nouveau cas de blocage abusif. Mais après en avoir lu plus sur l’affaire, j’ai fini par comprendre qu’ils (Apple) se battaient pour quelque chose de plus grand qu’un simple iPhone« .

Voilà en tout cas qui répond d’une façon inattendue à l’invective lancée par Donald Trump il y a quelques jours, le politique populiste demandant à chacun ce qu’il ferait ou déciderait dans cette affaire s’il était lui-même victime ou proche d’une victime d’un acte terroriste impliquant un iPhone verrouillé. Salihin Kondorker vient de lui apporter sa réponse…