On a un peu de mal à y croire, et pourtant, l’ « argument » figure noir sur blanc sur l’amicus que le procureur du district de San Bernardino a fourni en soutien au FBI. Selon le procureur Michael A. Ramos donc, il est légitime de demander l’accès à l’iPhone 5c du terroriste par n’importe quel moyen pour la simple et bonne raison…que le mobile pourrait contenir, je cite, un « cyber-virus dormant pathogène » qui aurait pu déjà avoir infiltré le réseau du comté de San Bernardino; pas moins.

S’il s’agissait juste d’une discussion autour d’une bière, on pourrait même spéculer sur le fait que cet iPhone puisse contenir des images de Nessie ou du crash de Roswell; après tout, sans aucune preuve, tout est imaginable, comme le fait de supposer aussi que l’iPhone puisse contenir les plan secrets d’une bombe atomique d’Isis planquée dans Manhattan (l’un des membres du congrès a osé ce rapprochement).. Les apprentis scénaristes de série B apprécieront…

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Mais voilà, il s’agit ici de la supposition d’un juge, écrite dans un texte à destination de la justice, et ce dans le cadre d’une affaire sérieuse, ce qui laisse pantois le chercheur en sécurité Jonathan Zdziarski : « il est possible d’interpréter cela comme un amicus conçu pour induire en erreur les tribunaux afin qu’ils agissent de façon irrationnelle, et manipuler en leur faveur la décision finale vis à vis du FBI. Aucune preuve d’aucune sorte n’a été fournie permettant de dire que l’appareil contient ou pourrait contenir un malware. […] Ce qu’ils disent en résumé c’est qu’il y a peut-être une licorne cachée dans ce téléphone« .

Il faut dire qu’en référer à un virus dormant ultra-dangereux (mais dont on ne fait que supposer l’existence) revient en matière de cyber-sécurité à utiliser une sorte de point Godwin informatique; et bien sûr agiter le spectre de la PEUR. Cela pourrait être aussi le signe d’une intense fébrilité dans le camp de ceux qui soutiennent le FBI, et qui sont souvent bien en peine d’apporter des arguments solides au débat…Apple et le FBI seront à nouveau opposés le 22 mars prochain, cette fois devant une cour de justice ; espérons que le FBI aura d’autres arguments et aussi d’autres « amis » que le procureur  de San Bernardino…