Tim Cook n’est plus le seul cadre exécutif d’Apple à donner de la voix dans l’affaire du chiffrement de l’iPhone de San Bernardino. Après Craig Federighi, c’est au tour d’Eddy Cue, grand patron des services cloud, de s’exprimer sur ce dossier brulant qui tourne franchement au drama dans les médias US.

Interrogé par un journaliste d’Univision (un média espagnol), ce cher Edddy a lancé un tir de barrage massif contre les arguments du FBI, s’en prenant d’entrée au risque de banalisation de la procédure de déchiffrement, maintenant que l’on sait que des centaines d’iPhone attendent a’être déverrouillés dans des affaires qui n’ont plus rien à voir avec le terrorisme; et plus on multiplie les opérations de déchiffrement/mise à jour d’iOS, plus on augmente les chances que le code finisse par se retrouver dans la nature (rappelons que le procureur de New-York Cyrus Vance a même indiqué qu’il souhaitait que la procédure de déchiffrement soit accélérée, ce qui implique que des mesures « lourdes » de sécurisation – forcément plus lentes à mettre en place – ne pourraient pas être prises).

Eddy Cue

A l’instar de Tim Cook, Eddy Cue considère que déplomber un iPhone en mettant à jour son OS revint à ouvrir une boîte de Pandore : « Ce que le gouvernement peut faire a des implications très, très importantes » précise le Senior Vice President, qui laisse aussi entendre que le passage en force par le All Wright Acts pourrait aboutir à d’autres demandes de plus en plus invasives, comme le fait d’écouter un individu à son insu, par le biais du microphone du mobile par exemple.

Eddy Cue se permet même des quelques piques à l’encontre de la notion de « sécurité » du FBI, qui ne résisterait pas selon lui à l’épreuve des faits : « Au cours de ces dernières années, le gouvernement a perdu plus de cinq millions d’empreintes digitales, celles de ses propres employés. Ils ont perdu des centaines de millions de numéros de cartes de crédit, de données financières. Ce genre de chose se produit de plus en plus. Et la seule façon dont nous pouvons nous en protéger est de rendre le téléphone plus sécurisé. » Cue laisse ici entendre de façon subtile que si le FBI n’est pas capable de sécuriser les données dont il a la charge, pourquoi en irait-il différemment avec le code source modifié d’iOS ? L’affaire est tellement sensible que Cue n’hésite pas à invoquer le recours à la Cour Suprême, estimant que l’affaire doit être tranchée une bonne fois pour toute par la justice et pas traitée au cas par cas…