Face à la menace terroriste, le gouvernement australien a proposé un nouveau pack de lois visant à mieux lutter contre les groupes et organisations qui planifient de tels actes. Ces mesures de cybersécurité intéressent aussi au premier chef les grandes sociétés de la high-tech puisqu’il est prévu que ces dernières puissent déchiffrer les contenus de leur messagerie sur simple demande judiciaire (mandat).

Si le projet de loi devait être voté, ce serait un véritable casse-tête pour Apple et les autres sociétés de technologie qui proposent des messageries chiffrées de bout en bout; en effet, ces messageries ne disposent pas de clef unique (c’est bien pour cela qu’elles sont chiffrées intégralement du reste) et en l’état actuel leur contenu ne peut pas être livré aux autorités à moins d’accéder physiquement à l’iPhone/smartphone concerné. Cette dernière option n’intéresse pas le gouvernement dirigé par Malcolm Turnbull, qui veut permettre à ses services d’espionnage d’ « écouter » les suspects à distance, et donc de pouvoir « lire » le contenu des messageries en temps réel, ce qui n’est aujourd’hui pas possible alors même que les communications sont totalement chiffrées.

Le projet de loi australien pose une problématique quasi-identique à celle de l’affaire du FBI; si toutes les communications peuvent être captées à distance, alors il n’y a strictement aucune chance que seuls les services gouvernementaux puissent en profiter, les pirates, les spécialistes du Ransomware et autres malandrins des réseaux s’engouffreront dans les mêmes failles qui avaient déjà été exploitées par la NSA avant de se retrouver disséminées dans la nature avec l’impact que l’on sait…

Le fait de vouloir absolument offrir des cadres légaux pour favoriser l’espionnage « intérieur » à distance pose en fait un problème de sécurité fondamental à nos démocraties modernes, (ce sont des citoyens qui sont écoutés, pas des « puissances étrangères »), sans même parler des dérives de ces mêmes services (qui pourra vraiment contrôler qu’ils n’écoutent bien que des terroristes en puissance ?). Le gouvernement australien est donc prêt à mettre en péril la sécurité privée de millions de personnes pour venir à bout de groupuscules de quelques dizaines de personnes tout au plus, un choix osé après les dégâts considérables de la cyber-attaque du moi de mai dernier; cette dernière avait été menée avec des outils logiciels…provenant de la NSA.