Pris la main dans le sac; Apple est donc bien présent dans les dizaines de milliers de documents de ce que l’on appelle les Paradise Papers,  des documents qui, concernant Cupertino, proviennent d’Appleby (ça ne s’invente pas…), une société de finance offshore spécialisée dans l' »optimisation fiscale » de richissimes clients ou de grosses entreprises. Les premiers contacts entre Apple et Appleby ont lieu durant l’année 2014, soit un an tout juste après la fin du Sandwich fiscal Irlandais (une procédure fiscale permettant à Apple de payer très peu d’impôts à partir de l’Irlande).

Les demandes d’Apple auprès d’Appleby sont très précises et concernent le potentiel d’optimisation fiscale de certains paradis fiscaux, à l’instar des îles Caïmans, de l’île Maurice, ou bien encore des îles de Jersey et Guernesey; il y est notamment question « d’obtenir l’assurance officielle d’une exemption de taxes et d’impôts« , de savoir s’il existe des « développements suggérant que la loi (en faveur des règles d’optimisation fiscale, NDLR) pourrait changer de façon défavorable dans un futur proche » voire de se renseigner sur « une opposition politique crédible qui pourrait remplacer l’actuel gouvernement (et modifier les règles d’optimisation, NDLR) »; tout cela est donc très clair.

Au final, Apple choisira l’île de Jersey comme pied à terre fiscal de ses structures AOI (Apple Operations International) et ASI (Apple Sales International), et ne cessera de demander la plus grande discrétion possible de la part d’Appleby. Sur le strict plan financier, Jersey est un bon choix puisque les sociétés étrangères y bénéficient d’un taux d’imposition de … 0%.

Tous comptes faits, et grâce à ce petit détour à Jersey, Apple ne paiera que 1,65 milliards d’euros d’impôts (hors USA) entre les années 2015 et 2016, soit un taux d’imposition de seulement 3,7%. Face à ces révélations au mauvais goût de souffre (on parle tout de même d’une société qui réalise plus de 40 milliards de bénéfices annuels et qui dispose de près de 280 milliards de dollars placés sur différents comptes à l’étranger), Apple a tenu à réagir au plus vite, déclarant que les opérations de Jersey avaient pour seul objectif de sécuriser le paiement des impôts vers les Etats-Unis, et non pas de faire baisser le taux d’imposition ailleurs dans le monde. Les experts financiers se feront sans doute un plaisir de vérifier ces assertions…