Après plusieurs mois d’attente, le message que j’attendais fiévreusement vient de s’afficher sur mon iPhone X :  » Bienvenue à l’Early Access de Blades ». Dévoilé comme une nouvelle référence du jeu mobile lors de la WWDC 2018, The Elder Scrolls Blades (Lien App Store – Gratuit – iPhone/iPad) aura mis beaucoup de temps à parvenir jusque sur nos iPhone. Cette longue attente en valait-elle la peine ? Autant répondre franchement : pas vraiment.

Tout commence bien pourtant, avec la phase de customisation de son personnage, dont on peut choisir le sexe (mâle ou femelle) et aussi la race (deux types d’humains, deux types d’elfes, orque, homme-chat ou homme-lézard). De la forme de la bouche à la corpulence générale en passant par les tatouages faciaux, de nombreuses modifications « corporelles » sont possibles. Mon combattant s’appelle Rakhan, c’est un homme-chat grand et costaud qui a franchement fière allure; son épée et son bouclier ne payent pas encore de mine, mais je suppose que tout cela s’améliorera vite après quelques donjons.

Place cette fois à l’aventure ! Rakhan se retrouve aux abords d’un chemin; les raies de lumière tout comme les ombres des feuilles sur le sol font leur petit effet, même si on dénote déjà quelques textures pas vraiment dignes de l’Unreal Engine.  Inutile même de penser à monter la petite butte à gauche : il faut impérativement rester dans le « couloir » imposé par le jeu, et suivre si possible la trainée bleue qui indique la prochaine destination (note: c’est TOUJOURS possible!); plus balisé tu meurs ! Même un chien d’aveugle a sans doute plus de libertés. Pour se déplacer dans le jeu, il suffit de pointer la direction voulue, et hop, on est dans la place.

Le moindre objectif est surligné sur la carte : symboles, surbrillance etc. Pas de place pour la joie de la découverte. Bethesda prendrait-il les joueurs mobiles (qui sont aussi souvent des joueurs PC/consoles) pour des neuneus ?

Toujours pas d’ennemis à l’horizon ? Ah si, un vulgaire rat se propose au sacrifice; Rakhan l’explose d’un seul coup d’épée; puis vient un gobelin à la modélisation hasardeuse, qui me semble encore moins dynamique que mon chat après le repas. Voyons donc comment finir ce premier « vrai » combat : il faut appuyer quelques secondes sur le bouton virtuel pour « charger » le coup, et lâcher le bouton pour frapper; l’icone de bouclier tout à gauche permet de parer (il est vraiment super mal placé) et… c’est quasiment tout ce qu’il y a à savoir; les coups manquent cruellement de précision et d’impact, et l’on est à des encâblures de l’excellent système de combat d’un Infinity Blade. Là encore, la simplification est à son paroxysme.

Plus loin dans le jeu, on se retrouvera en charge d’une cité en ruine qu’il nous faudra baptiser puis reconstruire, et les mission s’enchainent, dans des donjons ou sur des chemins qui se ressemblent vraiment beaucoup, beaucoup, beaucoup. La notion même de challenge est évacuée : on tue des floppées de gobelins (tous identiques ou presque, tous assez mal modélisés aussi) sans aucun effort ou skill, des bandes de monstres tellement ridicules en fait que l’on aurait plutôt envie de les épargner. Toujours dans la logique du gameplay prémâché, il suffit de se diriger vers un coffre ou un tonneau pour que ces derniers s’ouvrent ou se brisent, afin de laisser échapper un ou plusieurs items ainsi que quelques pièces d’or. La plupart des coffres proposent un contenu indigent, mais on tombe parfois sur la perle rare; malheureusement, plus précieux est le coffre et son contenu, et plus il faudra attendre avant de l’ouvrir, à moins de payer quelques gemmes pour accélérer le processus. Free-to-play nous voilà !

Moins beau qu’un Infinity Blade (pas récent pourtant), moins badass aussi et sans véritables enjeux (l’arc narratif est plutôt pauvre : une méchante reine a détruit la Cité), ce Elder Scrolls Blades interroge : on voit mal un joueur acharné d’Angry Birds s’intéresser à ce genre de titre, et le jeu est tellement simplifié par rapport à son homologue de salon que l’amateur de la franchise Elder Scrolls sera sans doute très vite déçu. Alors pourquoi et pour qui au final ? Peut-être les amateurs compulsifs de rogue, les collectionneurs d’items, ceux qui trouvent les JDR vraiment trop compliqués mais qui aimeraient malgré tout s’y frotter. Pas grand monde sans doute; franchement décevant.