Le tout premier iPad a été dévoilé le 27 janvier 2010 au Yerba Buena Center for the Arts de San Francisco. Ce jour là, c’est un Steve Jobs décharné mais combatif qui dévoile la première tablette Apple fonctionnant sous une version très peu remaniée d’iPhone OS. L’appareil est extrêmement fin, multipoints tout comme l’iPhone trois ans auparavant, et Jobs prend un malin plaisir à faire la démonstration des fonctions de l’engin bien confortablement installé dans un fauteuil.

Malgré cette Keynote très maitrisée, la réception est un peu tiède et l’aspect « disruptif » apparait nettement moins évident que pour l’iPhone. L’interface copié/collé de celle de l’iPhone ne semble pas exploitée à son optimum sur le grand écran de l’iPad, tandis que l’absence de stylet peine tous ceux qui pensaient retrouver le digne successeur du Newton . Malgré cet accueil critique très loin de l’enthousiasme, les ventes décollent rapidement, plus vite même que lors du démarrage de l’iPhone, la tablette profitant à fond du poids de l’écosystème autour d’iPhone OS (accessoires, App Store). L’arrivée de l’iPad mini en 2012 accentuera la domination d’Apple sur le marché de la tablette.

Le premier véritable grand saut de génération interviendra avec le lancement de l’iPad Pro le 9 septembre 2015. La nouvelle tablette offre la même surface d’affichage que nombre de notebooks (12 pouces), et permet, enfin, l’usage du stylet grâce à l’Apple Pencil. La qualité de l’écran et la puissance du processeur A9X permettent d’entrevoir – enfin – une possible machine hybride, certes à contrario du projet initial de Steve Jobs, mais sans doute plus proche des attentes de nombreux clients potentiels. Reste encore un élément perfectible : iOS est toujours l’OS de l’iPhone.

La dernière rupture interviendra au mois de septembre 2019 avec le lancement d’iPadOS, un système d’exploitation qui s’autonomise enfin et permet de gagner des fonctions productives, comme le multifenêtrage ou bien la reconnaissance de stockages externes. A bien y regarder, le parcours de l’iPad durant ces 10 dernières années est un peu à rebours de celui du Mac, dont le 36ème anniversaire fêté il y a quelques jours… avait un goût un peu amer : le Mac était particulièrement innovant en 84, mais la gamme Mac a fini par sombrer dans le produit de luxe sans autre âme que le logo à la pomme (et macOS), tandis que l’iPad n’a pas eu l’effet « WOW » escompté à ses débuts, mais au fil des années est devenu une tablette très excitante.

Bénéficiant des avancées de puissances (spectaculaires) des puces Ax, particulièrement fiable et bien plus polyvalent qu’à ses débuts (interface, reconnaissance du stylet voire de la souris dans une certaine mesure), l’iPad doit aussi son regain de popularité à l’arrivée de plusieurs logiciels professionnels (Adobe Photoshop) qui lui donnent toute sa pleine mesure. Surtout, et c’est sans doute le plus important dans l’équation, le rapport qualité-prix semble bien mieux étalonné que pour les gammes de Mac. Et alors que les Mac rejoignent la Pdm inquiétante du Mac de 84, l’iPad continue de caracoler en tête du marché des tablettes avec une part de marché de 30%, très loin devant ses concurrents directs. Les bonnes causes semblent produire les bons effets…