Contrairement à l’Autorité de la Concurrence, qui penche plutôt du côté des arguments d’Apple, la CNIL estimerait qu’Apple enfreint bien le RGPD avec sa plateforme publicitaire basée sur l’App Tracking Transparency. La publicité personnalisée (et non ciblée) des apps Apple est en effet activée par défaut (pas de fenêtre pop-up pour le consentement), une « exception » au RGPD qu’Apple justifie par l’absence de toute donnée personnelle récupérée. Dans une note confidentielle, la CNIL reconnait la particularité de la plateforme d’Apple et l’anonymisation de la collecte, mais estime toutefois que les règles du RGPD ne sont tout de même pas respectées puisqu’il y a bien une récolte de données.

tracking autorisation

La position de la CNIL illustre parfaitement la différence entre la loi et « l’esprit de la loi ». Si Apple est soumis demain aux mêmes règles que les entreprises tierces qui font du vrai ciblage à partir d’infos personnelles, l’App Tracking Transparency perdra sans doute toute valeur incitative pour les publicitaires (la plateforme n’étant pas seulement destinée à Apple). A quoi bon passer par une plateforme publicitaire infiniment moins intrusive que le ciblage classique des Facebook et consorts si les contraintes sont au final les mêmes, à savoir l’obligation d’afficher une fenêtre pop-up permettant de refuser toute collecte ?

Apple ne vivant pas de la publicité, ce dernier pourrait même légitimement retirer l’App Tracking Transparency en France et s’aligner sur un ciblage beaucoup plus « personnalisé » avec la fameuse fenêtre pop-up en entrée. Le RGPD serait in fine respecté, mais il n’est pas certain que l’utilisateur y gagne beaucoup au passage…