Apple a dévoilé hier des outils de surveillance et de contrôle de certains contenus de la bibliothèque Photo d’iOS 15. Pour le dire sobrement, un logiciel comparera les photos déposés dans Photo avec une base de données d’images délictueuses d’enfants abusés (pédopornographie), ce que le jargon américain nomme CSMA (child sexual abuse material).

De nouveaux détails permettent de délimiter plus précisément les contours de ces outils. On apprend ainsi que même si le comparatif avec la base de données s’effectuera directement sur l’iPhone, Apple n’accèdera au final aux clichés incriminés que si ces derniers sont bien basculés sur iCloud. La situation semble un peu floue à vrai dire, car le signalement (en cas de match avec la base de données) est effectué avant même que les photos ne soient synchronisées sur iCloud. Une question se pose alors : comment les petites mains d’Apple peuvent opérer le contrôle final de clichés signalés… sans accès à ces clichés (si l’utilisateur a refusé la synchro iCloud Photo) ?  Quelque chose cloche ici, ou Apple nous raconte de jolis bobards…

Apple Analyse Photos iPhone Pedopornographie 1

En outre, l’assertion d’Apple selon laquelle d’autres pays suivront après les US semble pour le moins assez optimiste au vu des différences juridiques entre les régions du monde. L’Europe est ainsi soumise au RGPD : toute collecte de données doit être effectuée avec l’aval de l’utilisateur, encore plus si ces données sont ensuite transmises à un serveur distant. Seules les autorités judiciaires et de polices ont le droit légal (après mandat) d’aller fouiner dans l’iPhone ou l’iPad d’un particulier dans le cadre bien délimité d’une enquête de justice.

Qu’une société privée puisse organiser une collecte d’informations à grande échelle pour ensuite dénoncer aux autorités quelques utilisateurs fautifs n’est PAS le cadre légal dans lequel sont traitées les affaires criminelles dans la plupart des pays européens, y compris bien sûr les crimes d’abus sexuels sur enfants. Ceci étant dit, Facebook ou bien encore Google vérifient déjà les données de leurs utilisateurs dans le cadre de la lutte contre la pédopornographie, et l’Europe n’a pas vraiment semblé pressée de réagir…