Jane Horvath est la chief privacy officer (CPO) d’Apple, soit la cadre dirigeante en charge des technologies et des outils qui garantissent la sécurité et la confidentialité des données utilisateurs sur les appareils Apple (Mac, iPhone, iPad, Apple Watch, etc.). La CPO d’Apple était interviewée il y a quelques jours dans les colonnes d’ELLE Magazine, et ce fut une nouvelle occasion de rappeler la façon dont Apple avait défendu la confidentialité des données lors du drame de San Bernardino.

« Pendant l’affaire de San Bernardino, on nous a demandé d’ouvrir un téléphone qui a été trouvé dans la voiture (du suspect, Ndlr), et ce fut une discussion très difficile. » explique ainsi Jane Horvath. « Nous aurions ouvert ce téléphone si nous avions pu l’ouvrir et ne pas avoir eu d’impact sur tous les autres téléphones, mais nous ne pouvions pas, et nous avons donc décidé que nous voulions protéger tous nos clients et résister à la demande du gouvernement de créer un système d’exploitation qui ‘ai rendu tous les autres téléphones vulnérables. »

Cette défense du chiffrement « end to end » (de bout en bout) face aux pontes du FBI avait à l’époque (2016) débouché sur un procès épique… et il se pourrait que la situation se répète bientôt en Europe. En effet, la Commission européenne a dévoilé il y a deux semaines un projet de lutte contre les abus sexuels d’enfants basé sur la détection automatique et obligatoire d’images pédopornographiques dans toutes les messageries, projet qui semble remettre en cause le principe du chiffrement end to end. En effet, il faudra nécessairement installer une porte dérobée dans toutes les messageries mobiles afin d’en faciliter la surveillance généralisée.

Apple avait lui aussi proposé son système de détection d’images criminelles, mais le procédé ciblait alors uniquement iCloud, ce dernier n’étant pas soumis au chiffrement de bout en bout. De fait, la « solution » de la firme de Cupertino épargnait le chiffrement de bout en bout dans iOS et iMessage. Le tollé généré par cette technologie logicielle de surveillance avait finalement poussé Apple à faire marche arrière. En sera t-il de même pour la Commission européenne ?