Minerais de sang au Congo : Apple est visé par une enquête de la Belgique
La Belgique a ouvert une enquête concernant des allégations selon lesquelles Apple aurait sciemment utilisé des minerais extraits de la République démocratique du Congo (RDC) des minerais dits « de sang », issus de zones de conflit. Les avocats représentant le gouvernement congolais dénoncent ce qu’ils appellent une « opération massive de blanchiment d’image et de greenwashing ».
Les accusations : des minerais provenant de groupes armés
En décembre 2024, la République démocratique du Congo a déposé des plaintes en Belgique et en France contre les filiales d’Apple. Ces plaintes affirment que la société américaine a acheté des minerais tels que le tantale, l’étain, le tungstène et l’or — les minéraux 3TG — provenant de mines dont les profits financent des groupes armés responsables d’atrocités dans l’est du pays d’Afrique. Les avocats du pays soulignent que ces activités soutiennent la guerre, favorisent le travail des enfants et engendrent une grave dégradation environnementale dans la région, où des millions de personnes ont été déplacées par des combats, souvent marqués par des viols et des meurtres de civils.
L’enquête belge : un premier pas significatif
Les procureurs belges ont nommé un juge d’instruction pour superviser l’enquête. Ce dernier sera responsable de délivrer des mandats d’arrêt, des écoutes téléphoniques et des perquisitions. Christophe Marchand, l’avocat en charge du dossier en Belgique, a souligné que cette démarche marque un tournant. « C’est la première étape qui montre que le procureur prend l’affaire très au sérieux », a-t-il déclaré au Financial Times. Pour l’instant, les autorités françaises n’ont pas encore pris de décision.
Apple, de son côté, rejette fermement les accusations de la RDC. L’entreprise affirme qu’elle « conteste vivement » les allégations et qu’elle était « profondément engagée dans une gestion responsable des minerais », tels que le coltan, utilisé dans la fabrication de ses iPhone et autres appareils.
Une certification mise en question
La plainte mentionne également des failles dans le système de certification utilisé par Apple et d’autres entreprises technologiques. Bien que de nombreux minerais soient certifiés comme provenant de zones non conflictuelles ou du Rwanda, la RDC soutient que ces certificats sont souvent falsifiés. Robert Amsterdam, avocat représentant la RDC, a souligné que « toute entreprise technologique sait que 90% de ce qui provient du Rwanda est en réalité congolais ».
En réponse, Apple a affirmé avoir demandé à ses fournisseurs, dès juin 2024, de suspendre l’approvisionnement en métaux 3TG en provenance de la RDC ou du Rwanda, se préoccupant de l’impossibilité pour les auditeurs indépendants de garantir la conformité aux standards de l’entreprise.
Cette enquête pourrait marquer un tournant majeur dans la lutte contre l’exploitation des ressources naturelles en zones de conflit et dans la responsabilité des grandes entreprises technologiques vis-à-vis de leurs chaînes d’approvisionnement.