Quelques jours après le retrait d’ICEBlock de l’App Store, Apple est de nouveau dans l’œil du cyclone après la suppression de l’application Eyes Up, un outil conçu pour archiver des vidéos et articles documentant les actions de l’agence américaine Immigration and Customs Enforcement (ICE). Selon les créateurs du service, cette suppression aurait été demandée sous la pression du Département de la Justice, dans un climat politique tendu autour de la surveillance gouvernementale et des libertés numériques.

Contrairement à ICEBlock, une autre application déjà supprimée pour des raisons de “sécurité des agents fédéraux”, Eyes Up n’effectuait aucun suivi en temps réel. « Notre objectif est la transparence du gouvernement, pas l’espionnage », a déclaré l’administrateur du projet, estimant que les autorités cherchaient avant tout à “faire disparaître des preuves embarrassantes”.

Un précédent lourd de conséquences pour Apple

Aucune loi ne contraignait pourtant Apple à retirer l’application, ce qui relance les critiques sur la capacité du géant de Cupertino à résister aux pressions politiques (et à se conformer à son propre discours sur la protection des droits des utilisateurs). On est loin du précédent de 2015, lorsque la firme avait refusé d’aider le FBI à contourner le chiffrement d’un iPhone. Apple avait alors su démontrer sa volonté de défendre la vie privée de ses utilisateurs.

Cette fois donc, la firme de Cupertino semble avoir choisi l’extrême prudence face à un gouvernement Trump qui multiplie les attaques frontales contre ses opposants politiques. Un choix que certains jugent “lâche” (voire pire), mais que d’autres perçoivent comme une stratégie de survie dans un contexte où le refus de se plier aux desiderata du DoJ pourrait entraîner des représailles économiques et judiciaires.