Depuis sa sortie, c’est peu dire que le Vision Pro d’Apple concentre de nombreuses critiques, y compris là où on ne l’attendait pas forcément, c’est à dire sur la vie privée. Les premières prises en main du produit dénonçaient un appareil « intrusif », capable de capter l’environnement et de scruter nos moindres gestes, le tout parfois accompagné de vidéo trollesques montrant des youtubeurs utilisant l’Apple Vision Pro en pleine rue ou dans le métro. Ces critiques seraient peut-être « entendables » si les mêmes voix ne s’extasiaient pas aujourd’hui devant les Ray-Ban Meta Glasses, des lunettes connectées bien plus gourmandes encore en données personnelles, sans même parler du mauvais passif de Meta en la matière. Un paradoxe révélateur d’un certain aveuglement technologique ?

Apple Vision Pro M5 Bandeau Tisse Sangle Double Femme Profil

Apple, cible facile d’un discours à géométrie variable

Apple a pourtant bâti son image sur la confidentialité, avec un système fermé où les données restent majoritairement traitées en local. Le Vision Pro ne fait pas exception : les images captées par ses caméras ne quittent pas l’appareil, les analyses biométriques du suivi oculaire sont chiffrées et isolées du cloud, etc. Qu’importe ces précautions, puisqu’Apple demeure la cible privilégiée des critiques autour de la AR, le prix élevé étant souvent utilisé comme un cheval de Troie pour débiner d’autres aspects du casque pourtant bien moins critiquables avec un poil d’objectivité supplémentaire. Peut-être parce que l’entreprise incarne une puissance symbolique, peut-être encore parce que l’ambition affichée d’Apple – redéfinir l’informatique spatiale – inquiète davantage que des lunettes de loisir, ou peut-être encore parce qu’il s’agit juste d’Apple et que taper très fort sur les produits de la marque assure des vues… peut-être.

Ray-Ban Meta Lunettes Connectees

Meta : le loup dans la bergerie

À l’inverse de ces critiques presqu’incessantes, les Ray-Ban Meta Glasses, conçues par une entreprise tristement célèbre pour ses scandales liés à la vie privée (à l’instar de l’affaire Cambridge Analytica), bénéficient d’un accueil quasi enthousiaste. Caméra frontale, micro permanent, intégration directe à Facebook et Instagram… ces lunettes sont littéralement des aspirateurs à données personnelles, et Meta ne se cache même pas de faire le pont entre cet accessoire et ses réseaux sociaux Instagram, Facebook ou whatsApp. Chaque photo, chaque commande vocale ou localisation peut ainsi alimenter les algorithmes de Meta… et pourtant, l’accessoire est présenté comme une innovation « lifestyle », cool et accessible, là où le Vision Pro est carrément dépeint comme un gadget de luxe potentiellement dystopique. A vrai dire, la dystopie n’est-elle pas de se mettre des écrans devant les yeux EN PERMANENCE ?

Le biais de perception et la responsabilité médiatique

Ce deux poids deux mesures semble aussi révéler une certaine « fatigue » narrative : il est plus facile de fustiger Apple que d’interroger Meta, dont les pratiques sont pourtant bien plus invasives. Les médias, fascinés par l’aspect social et « fun » des produits de Zuckerberg, oublient souvent ces derniers temps d’évaluer le coût réel des Meta Glasses en matière de vie privée, une indulgence d’autant plus ironique que le Vision Pro, malgré son prix, pose un cadre technique et éthique inédit pour les interfaces immersives, là où Meta cherche avant tout à « monétiser le regard ».

In fine, le débat sur la vie privée ne devrait pas dépendre de la popularité ou du prix d’un produit, mais de la manière dont ce même produit respecte réellement les données personnelles des utilisateurs. À ce jeu-là, l’Apple Vision Pro mériterait sans doute un peu moins de discours acerbes… et Meta beaucoup plus de questionnements critiques. Chiche ?