On savait déjà que le FBI n’appréciait pas vraiment le système de chiffrage des données intégré dans iOS 8, mais la critique vient de franchir un nouveau pallier avec le compte rendu d’une réunion « secrète » qui a réuni des représentants légaux d’Apple et James Cole, l’un des bras armés du Département de la Justice américaine (DoJ), soit l’une des administrations les plus puissantes des Etats-Unis.

Selon les éléments du rapport récupérés par le Wall Street Journal, le DOJ reproche à Apple le fait d’avoir créé pour son iPhone une boîte noire inviolable à l’intérieur d’iOS 8, ce qui pourrait conduire un jour, prévient  James Cole, à la mort d’un enfant. Carrément.

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Bruce Sewell, le responsable juridique d’Apple, a de son côté précisé que lors d’une enquête de police classique, les forces de l’ordre avaient déjà à leur disposition un grand nombre d’éléments leur permettant d’arrêter un kidnappeur potentiel, comme les données stockées sur iCloud ou les informations de localisation, qui ne sont pas soumises aux procédés de chiffrement intégral.

La tension est montée d’un cran lors de la réunion lorsque le juge a demandé à Sewell pour quelles raisons ils n’intégraient pas une « backdoor » dans iOS 8, qui serait bien sûr seulement mise à disposition des autorités de justice. Imperturbable, Sewell a alors rétorqué en une phrase lapidaire : « Nous ne pouvons pas créer une clef que seulement les « bons » gars pourraient utiliser« , laissant entendre que si une porte dérobée est installée, les criminels s’en serviront aussi, ce qui de facto enlèverait tout intérêt au chiffrement intégral.

Rappelons tout de même que l’on sait aujourd’hui que le DOJ a mis en place un système de récupération des appels téléphoniques (et d’autres données) par le biais d’avions « sniffeurs » qui seraient capables d' »aspirer » une très grande masse de données sans que le citoyen n’en soit informé. Avec la mise à la benne avant hier du projet de loi Freedom Act visant à limiter les pouvoirs d’espionnage massif de la NSA, l’impression qui domine est qu’Apple, Google et quelques autres sont moins critiqués pour les verrous qu’ils mettent en place que par le fait que ces sécurités empêchent justement cet espionnage légalisé et massif.