Apple Music : une association de consommateurs américaine pointe des abus supposés de position dominante
Il n’y a pas que la justice américaine pour se pencher avec insistance sur les conditions de lancement de la plateforme de streaming Apple Music. Une association de consommateurs, Consumer Watchdog – l’une des plus puissantes des Etats-Unis – vient de demander aux instances de régulation de sévir contre le nouveau service musical d’Apple qu’elle juge en infraction avec les lois anti-trust.
Plusieurs points de griefs sont énoncés dans cette missive enflammée, certains relevant du bon sens, d’autres n’étant encore aujourd’hui que de simples soupçons. Parmi les éléments à charge facilement vérifiables, il y a le fait qu’Apple s’appuie sur la base de données client d’iTunes pour inciter ces mêmes clients à basculer sur Apple Music. Il suffit de se rendre sur l’app iTunes ou même la version desktop du service pour remarquer en effet qu’un encart renvoi directement à la page d’abonnement au service Apple Music. L’effet de levier est proprement monumental puisqu’iTunes (ce que relève d’ailleurs bien Consumer Watchdog), recense aujourd’hui plus de 800 millions de comptes uniques.
Autre critique, l’option de souscription est contractée par défaut, c’est à dire qu’au bout des trois mois d’essai, si l’utilisateur ne fait rien, il paiera automatiquement chaque mois son abonnement de 10 euros. Le fait qu’Apple Music s’appuie sur les préférences musicales des utilisateurs d’iTunes, un service bien différent de celui d’Apple Music, apparaît là encore comme un possible abus de position dominante.
L’App Store et sa dîme de 30% est aussi dans le collimateur de l’association; à l’instar des autorités de régulation américaines et européennes, Consumer Watchdog estime qu’il est particulièrement déloyal pour Apple de faire facturer à ses concurrents un « malus » de 30% de leurs revenus (via l’app Spotify ou Tidal par exemple), alors qu’Apple Music n’est bien sûr soumis à aucune contrainte de ce type.
Vient enfin la critique portant sur les exclusivités et la soit disant volonté cachée d’Apple d’en finir avec les solutions gratuites. Consumer Watchdog ne peut pas le prouver (le conditionnel est bien employé dans la missive) mais pense qu’Apple exerce une forme de chantage auprès des majors afin de s’octroyer des exclusivités temporaires. Outre que cela paraît tout de même très risqué alors que de tels procédés ont été largement dénoncés dans le « procès des iBooks », les quelques majors qui se sont exprimées sur le sujet, et bien sûr aussi Apple, ont démenti toute forme de pression sur ses contrats d’ exclusivités.
Il ne faut pas oublier non plus que si les plate-formes freemiums et basées sur la pub ont du succès vis à vis des consommateurs (principalement à cause de leur gratuité), elles ne conviennent pas à un grand nombre d’artistes qui estiment que ces services ne leur permettent pas d’être convenablement rémunérés. Cet argument avait motivé le départ de Taylor Swift de toutes les plateformes de Streaming freemium, et d’autres groupes, principalement indés et forcément moins connus, avaient procédé de même. On voit mal pourquoi Apple aurait du faire pression sur ces artistes alors que ces derniers, librement, expriment depuis des mois voire des années leurs préférences pour le modèle payant. Enfin, on a du mal à croire que Consumer Watch puisse réellement considérer le fait qu’Apple veuille la disparition pure et simple des modèles gratuits, étant donné que de toute façon il n’y a strictement aucune chance que ces modèles disparaissent puisque c’est là que le marché se développe le plus (il suffit de voir ce qui se passe pour l’App Store)…
De toute façon, tout ça c’est la faute de Taylor Swift. Les femmes sont très cruelles en affaire et en amour.
Javou ta pa tor