Epic Games vs Google : pourquoi Apple avec son App Store n’est pas dans la même situation que Google
Epic Games a gagné son procès retentissant contre Google : les jurés ont considérés que la firme de Mountain View avait bien enfreint les lois antitrust de Californie en voulant à tout prix protéger son Play Store, sa boutique d’applications mobiles. Dans la foulée de ce premier verdict, plusieurs analystes et journalistes ont considéré qu’Apple devait être le suivant sur la liste, et que le premier jugement largement en sa faveur serait forcément renversé lors d’un second procès. Malgré les similitudes entre les deux affaires – la plainte d’Epic Games est identique dans les deux cas – le jugement d’hier s’appuie sur des éléments que l’on ne retrouve pas chez Apple, des éléments majeurs qui sont directement responsables de la condamnation de Google.
Le géant des services n’a en effet pas été condamné pour sa part dominante sur le marché des applications Android, mais bien pour ses méthodes visant à éjecter les boutiques concurrentes et à leur barrer l’accès d’Android (pour rappel, et à contrario d’iOS, il est techniquement possible d’ajouter des boutiques applications sur Android). Ce sont d’ailleurs ces méthodes qui ont été une nouvelle fois pointées du doigt par Epic suite au verdict : « Au cours du procès, nous avons pu constater que Google était prêt à débourser des milliards de dollars pour étouffer les boutiques d’applications alternatives, en payant les développeurs pour qu’ils abandonnent leurs propres efforts et leurs plans de distribution directe, et en proposant des accords très lucratifs avec les fabricants d’appareils en échange de l’exclusion des boutiques d’applications concurrentes. Ces accords visaient à consolider la domination de Google en tant que seul magasin d’applications en ville – et cela a fonctionné. Plus de 95 % des applications sont distribuées par l’intermédiaire du Play Store sur Android ».
De fait, Apple n’a pas versé des milliards de dollars aux développeurs (autre que les recettes de leurs apps), et n’a évidemment pas eu à payer des fabricants puisqu’il est le seul fabricant de l’iPhone. Et la justice a une première fois considéré que l’App Store n’était pas en situation de monopole sur le marché mobile (ce qui est factuellement juste), ce qui signifie que l’interdiction de boutiques tierces n’a pas été considéré comme une action anti-concurrentielle. Ce débat est de toute façon de pure forme : l’Europe va obliger Apple à ouvrir son système d’exploitation mobile et l’arrivée de boutiques tierces sur iOS n’est plus qu’une question de temps. Mais si l’on veut être précis sur l’affaire, on ne peut pas inférer dans ce dossier une future défaite d’Apple face à Epic aux Etats-Unis du seul verdict rendu contre Google. Google a tout simplement été condamné pour des raisons qui ne pourront pas être reprochées à Apple.