Tim Sweeney, le patron d’Epic Games, a la dent dure, et a surtout tendance à vouloir « refaire le match » suite au procès largement perdu il y a deux ans face à Apple. Après la victoire tonitruante d’Epic face au géant Google, Sweeney est d’humeur fracassante et explique ce qui, selon lui, a joué en faveur d’Apple (et qui n’a donc pas joué en faveur de Google). Pour Tim, Google a perdu les faveurs des jurés après que l’on ait découvert l’énorme masse de documents potentiellement sensibles (principalement des emails) qui avait été effacés par Google avant le procès. Sweeney dénonce ainsi « L’audace des dirigeants de Google qui violent la loi, puis suppriment tous les enregistrements qui prouvent ces violations de la loi » […] C’était vraiment stupéfiant. Il ne s’agit pas d’une affaire judiciaire normale, on ne s’attend pas à ce qu’une entreprise valant des milliers de milliards de dollars fonctionne de cette manière »

Tim Sweeney Epic Games

Et Apple donc ? Pour  Sweeney, Apple s’est montré bien plus malin, et comme dans les films de mafia, n’a laissé aucune trace écrite de ses manigances, ce qui fait que rien de vraiment très compromettant n’a été trouvé dans l’épais volume de documents consultés par la juge en charge du dossier. Et d’embrayer sur une critique au vitriol du fonctionnement même de l’App Store : « Le problème avec Apple, c’est que toutes leurs tromperies antitrust sont internes à l’entreprise. Ils utilisent leur boutique, leurs paiements, ils obligent les développeurs à avoir tous les mêmes conditions, ils obligent les constructeurs OEM et les transporteurs à avoir tous les mêmes conditions. Je pense que le cas Apple ne serait pas moins intéressant si nous pouvions voir toutes leurs pensées et délibérations internes, mais Apple ne le mettait pas par écrit, contrairement à Google. Vous savez, je pense qu’Apple est… c’est un peu dommage qu’à bien des égards, les restrictions d’Apple sur la concurrence soient absolues. Vous n’aurez pas de boutique concurrente sur iOS et vous n’utiliserez pas de mode de paiement concurrent. Et je pense qu’Apple devrait faire l’objet d’un examen antitrust au moins aussi sévère que Google. »

Pour rappel, et parce qu’il faut bien nuancer ici des propos forcément très impliqués dans le dossier, Apple n’a pas été reconnu en situation de monopole lors du procès qui l’opposait à Epic Games, ce qui signifie que tout ce que Sweeney reproche à Apple, et qui a bien été mis sur la table lors du procès, a été considéré comme légal car ne pouvant faire partie de manœuvres monopolistiques. En d’autres termes, à partir du moment où il n’y a pas d’abus de position dominante et monopolistique, Apple fait (presque) tout ce qui lui plait, du moins était-ce l’avis de la juge lors du procès Epic vs Apple. Et c’est justement parce qu’Android est à la fois un système dominant sur le marché mobile et ouvert à la base que Google a été jugé coupable d’infraction aux lois antitrust. Sweeney fait aussi mine d’oublier que Google a été en partie condamné pour des raisons qui lui sont bien spécifiques (des deals signés avec les développeurs et les fabricants), ainsi que nous le détaillons dans cet article, et ainsi que les avocats d’Epic l’ont eux même reconnu. Un examen antitrust « aussi sévère » ne permettrait pas de mettre à jour chez Apple des spécificités qui n’existent tout simplement pas.