À l’approche de son assemblée générale du 25 février, Apple fait face à une nouvelle demande de transparence concernant son utilisation de l’intelligence artificielle. Le National Legal and Policy Center (NLPC) a déposé une proposition auprès de la SEC (gendarme boursier américain) exigeant que la firme dévoile ses méthodes d’acquisition de données externes pour entraîner ses modèles en lien avec Apple Intelligence.

Apple Intelligence iPhone 16

Une proposition axée sur les risques éthiques et légaux

Classée comme « Proposition n°4 » dans les documents préparatoires de l’assemblée, la demande du NLPC insiste sur la nécessité pour Apple de publier un rapport détaillant ses politiques en matière d’éthique et de confidentialité liées à l’IA. Parmi les points clés : les risques juridiques liés à l’utilisation de données potentiellement mal acquises, les garanties de protection de la vie privée dans le développement de l’IA, et les mesures prises pour respecter les normes légales et éthiques.

Le NLPC souligne que les concurrents d’Apple, comme OpenAI (ChatGPT), Google (Gemini) ou Meta (Meta AI), sont déjà confrontés à des poursuites pour avoir utilisé des données sans autorisation. Le groupe accuse indirectement Apple de sous-traiter des pratiques controversées à ses partenaires, malgré son image de défenseur de la vie privée. « La société se présente comme respectueuse de la confidentialité […], mais le potentiel de monétisation de sa base d’utilisateurs est trop important pour être ignoré », peut-on lire dans la proposition.

Partenariats et contradictions : le cas Google et Meta

Le NLPC pointe notamment l’accord entre Apple et Google, estimé à 25 milliards de dollars, qui fait du moteur de recherche de Google le choix par défaut sur les appareils Apple. Un partenariat qui, selon le groupe, expose les utilisateurs d’Apple aux pratiques de collecte de données de Google, régulièrement critiqué pour ses violations de la vie privée. « Apple externalise ses activités contraires à l’éthique tout en empocher des sommes substantielles », dénonce le texte. De plus, Apple discute avec Google pour intégrer Gemini dans Apple Intelligence, comme c’est déjà le cas avec ChatGPT.

iOS 18 Siri ChatGPT Craig Federighi

La proposition évoque aussi les discussions d’Apple avec Meta pour intégrer ses modèles d’IA, malgré les antécédents du géant des réseaux sociaux en matière de scandales liés aux données. Un paradoxe pour une entreprise qui met en avant son approche privée de l’IA, via son système Private Cloud Compute.

Quel avenir pour cette proposition ?

Apple recommande généralement à ses actionnaires de rejeter les propositions externes et celle-ci ne devrait pas faire exception. Cependant, les critiques du NLPC résonnent à un moment où Apple cherche à se positionner comme un intermédiaire éthique face à ses concurrents. La firme a notamment insisté sur le consentement explicite des utilisateurs pour activer l’intégration de ChatGPT, son premier partenaire en IA générative.

Si le vote du 25 février semble joué d’avance, le débat révèle une tension croissante entre l’innovation en IA et les attentes en matière de transparence. Pour Apple, dont la stratégie repose sur des partenariats plutôt que sur des modèles cloud massifs, l’enjeu sera de concilier ambition technologique et crédibilité en matière de vie privée.