Les pratiques de contrôle aux frontières américaines prennent une dimension plus…technologique. Depuis plusieurs mois, les agences fédérales comme l’ICE et la Customs and Border Protection (CBP) renforcent massivement leurs capacités d’extraction de données numériques, notamment via des solutions spécialisées capables de contourner les protections des iPhone verrouillés.

Parmi les outils privilégiés figure Cellebrite, un système largement utilisé par les forces de l’ordre à travers le monde. L’ampleur des investissements est révélatrice : à l’automne dernier, l’ICE a engagé plus de 11 millions de dollars pour une seule commande de dispositifs d’analyse mobile.

Quand le cloud devient la nouvelle porte d’entrée

Lorsque l’accès physique aux appareils échoue (en clair lorsque le mobile est protégé par un mot de passe ou un code d’accès), les autorités disposent donc désormais d’une alternative. Si l’on en croit des documents judiciaires récemment publié, la CBP recourt de plus en plus à des demandes de mandats adressées à Apple afin d’obtenir l’accès aux comptes iCloud des personnes interpellées.

Un précédent révélateur

Un cas survenu au printemps illustre cette évolution des « méthodes ». Après l’interpellation de plusieurs individus à la frontière californienne, les agents ont tenté d’extraire les données de plusieurs iPhone, sans succès. Face aux limites techniques,  ces derniers ont sollicité une autorisation judiciaire pour consulter directement les données stockées dans iCloud, contournant ainsi le chiffrement local des appareils.

Cette approche relance le débat sur l’équilibre entre sécurité nationale et protection de la vie privée. Si Apple met régulièrement en avant le chiffrement et la confidentialité de ses services, l’accès aux données cloud via un mandat légal demeure une zone de tension croissante, surtout dans un contexte où cet accès est accordé par des conditions de plus en plus extensives (initialement en cas de crime constaté, désormais sur simple soupçons d’activité criminelle voire comme moyen d’accéder aux données de migrants sans aucun liens directs avec un crime).